2023
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Mathieu Tillier et al., « Des amphores rouges et des jarres vertes: Considérations sur la production et la consommation de boissons fermentées aux deux premiers siècles de l'hégire », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.1163/15685195-bja10025
La prohibition des boissons fermentées dans les sociétés musulmanes ne se mit en place que progressivement. Le Coran, de l’interprétation duquel découle l’interdiction du ḫamr , ne se prononce pas sur les autres types de boissons. Or, les sources documentaires montrent que les autorités égyptiennes du i er siècle de l’hégire encouragèrent la production et la consommation de boissons fermentées en réquisitionnant du vin au profit des conquérants arabo-musulmans. Ceux-ci appréciaient tout particulièrement le ṭilāʾ , nom arabe d’un vin cuit connu en grec sous le nom d’ hepsêma . Sous l’influence de juristes (surtout du Hedjaz) qui voyaient d’un mauvais œil la consommation de telles liqueurs, le calife ʿUmar ii b. ʿAbd al-ʿAzīz décréta, au tournant du ii e siècle, l’interdiction du ṭilāʾ et de breuvages assimilés. Les anciens débats sur la licéité des boissons fermentées impliquèrent les jarres poissées ou glaçurées dont l’étanchéité permettait la fermentation. La comparaison entre les recueils de hadith pré-canonique et l’archéologie permet d’identifier les amphores égyptiennes sujettes à controverses. Alors qu’au ii e / viii e siècle, les débats juridiques impliquaient avant tout les jarres poissées et glaçurées, l’extension de la prohibition à toutes les boissons fermentées au iii e / ix e siècle entraîna dans son sillage le rejet de tous les autres types d’amphore.