6 décembre 2024
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Jérémy Mallin, « Le maloya dans les chemins du retour : Une approche anthropologique de son agentivité dans les processus de réaffiliation et de réparation », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.228ed4...
A La Réunion, le maloya est une pratique combinant musique, chant et danse, héritée des esclaves de la plantation. Originellement présent au sein des rituels en hommage aux ancêtres, il a été durant les années 1960-1970 un outil de lutte contre l’oppression politique et une musique de résistance pour la reconnaissance de la langue créole et de la mémoire de l’esclavage.Ce travail de recherche porte sur l’étude du maloya dans les processus de retour « au pays natal » d’une petite diaspora réunionnaise à travers ses différentes réaffiliations sur le territoire. Mon enquête de terrain s’est déroulée en trois temps qui se sont chevauchés sur une période de quatre années de 2016 à 2020.En partant des récits d’un groupe d’amis rencontrés à Paris durant leurs études il y a près de vingt ans et qui ont effectué leurs retours progressivement depuis 2011, je me suis appuyé sur la description et l’analyse de ce partage du quotidien issu d’une expérience de vie en colocation durant une année, pour retracer ces processus de reterritorialisation par l’immersion au sein des espaces de pratiques liés au maloya. Ensuite, l’adoption d’une posture réflexive en tant que membre au sein de deux groupes de musique, m’a permis de révéler les différents enjeux de la fabrication et de la circulation de ces entités sonores ainsi que de leurs actions. Puis, dans mon intégration au sein d’un parti politique local issu d’un mouvement de jeunes en lutte contre les injustices sociales, j’ai pu rendre compte de la place centrale qu’occupait le maloya dans des processus de réparation.Dans une approche abordant le maloya en tant que dispositif contenant un ensemble d’agents humains et non-humains, ce travail a pu montrer comment dans les différentes situations, ces agents interviennent dans un réseau relationnel pour réparer cette mémoire des corps qui portent toujours aujourd’hui les traces de la dépossession marquée par l’esclavage et ses héritages.