2022
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Isabelle Brancourt, « À l’heure de l’alliance du Trône et de l’Autel : religion, droit et politique chez d’Aguesseau », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.22fee3...
Dans la droite ligne des grands juristes qui ont fondé la doctrine moderne de la "souveraineté" et affermi les bases juridiques de l'Etat, le chancelier d'Aguesseau représente l'une des grandes figures de la défense du Monarque, en tant que le roi incarne purement et simplement "l'Etat". Dès lors, devient crucial le problème de la relation entre l'Etat et la Religion, plus concrètement entre le roi et Rome, d'une part, le gouvernement monarchique et l'Eglise de France, d'autre part. D'Aguesseau s'en trouve comme écartelé sur le plan intellectuel et théorique : d'un côté il soutient le pouvoir "absolu" du roi en tant que celui-ci est "Etat", seul et unique "Souverain", au prix, même, de se retourner contre ses anciens amis et collègues du Parlement de Paris ; de l'autre, il argumente, contre Rome, de principes "gallicans" qui feront le lit de la contestation libérale et contractualiste dès le temps de la Régence, mais surtout après 1730. Le caractère souvent inachevé de ses œuvres, publiées après sa mort et en dépit de sa volonté contraire, exprimée de son vivant, rend probablement compte des incertitudes de sa pensées et d'une évolution sans doute à contre-courant de ce que le XVIIIe siècle a consacré sous le nom de "Lumières".