2012
Cairn
Jean-Baptiste Frossard, « Rockaby/Berceuse ou le désir du Verbe », Études anglaises, ID : 10670/1.234eg1
Dans Berceuse, Samuel Beckett pose les bases d’un lyrisme nouveau, qui interroge les conditions de possibilité de la représentation théâtrale. L’article propose une étude précise des modalités de construction du texte, qui, au gré d’un double principe de répétition en forme de litanie et d’agrégation progressive des différents syntagmes, parvient à résister à la fragilité de la mémoire et à l’instabilité du sujet. Loin de signaler l’échec du langage, la répétition en constitue ici la célébration, et pose les bases d’un lyrisme sans sujet et sans destinataire, qui transforme le drame en cérémonie poétique. Il s’agira dès lors de comprendre dans quelle mesure la pièce, tiraillée entre les deux pôles génériques du récit et de la poésie, peut encore appartenir au genre dramatique, et si la cérémonie qui s’y déroule ne constitue pas précisément un avènement progressif, et difficile, à l’existence théâtrale.