2016
Cairn
Anne-Sophie Bruno, « Les racines de la retraite pour pénibilité : Les dispositifs de compensation de l’usure au travail en France (de la fin du XIXe siècle aux années 1980) », Retraite et société, ID : 10670/1.23np4g
Fatigue, usure et pénibilité sont des réalités premières du travail, dont l’évocation affleure dans la plupart des récits de vie ou des écrits et discours sur le travail depuis la fin du XVIIIe siècle. La connaissance de leur prise en charge n’en est pas moins restée éparse dans les travaux d’histoire de la santé au travail. Par une analyse du traitement réservé à la question de l’usure ou de la pénibilité au travail dans les dispositifs successifs d’assurance vieillesse depuis la fin du XIXe siècle, il s’agit de mettre au jour les sources où puise l’actuelle retraite pour pénibilité et d’interroger sa nouveauté. La prise en charge de l’usure des corps a en effet oscillé, depuis la fin du XIXe siècle, entre trois modalités de compensation, fondées respectivement sur une reconnaissance médicale individuelle, une reconnaissance collective par métier ou une compensation des effets différés que des expositions avérées sont susceptibles d’avoir sur la santé des individus. L’analyse montre que tout au long du XXe siècle, c’est la première voie qui a été privilégiée, faute d’avoir réussi à mettre en place les outils nécessaires aux deux autres voies débattues.