15 juillet 2024
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Jean Du Verger, « Musical reminiscence and structure in James Joyce’s Finnegans Wake (1939) », Textes et contextes, ID : 10670/1.249710...
L’intérêt de James Joyce pour la musique est proverbial, et il va sans dire qu’elle joue un rôle central dans son processus créatif. Ses œuvres regorgent de références à l'opéra, à la musique classique et à la chanson populaire. Joyce y déploie un langage qui met en lumière la dissonance temporelle de la modernité évoquant ainsi une disjonction avec le passé. Finnegans Wake (1939) peut d’ailleurs être considéré comme une composition musicale à part entière. Dans cet ultime roman, la nostalgie exprime l'impossibilité d'un retour mythique à l'unité du temps et de l'espace prélapsaires. Le fracas dissonant du Wake signale la rupture avec cet état antérieur d’une harmonie désormais disparue. Le texte est imprégné d'une conscience perceptible dans chaque mot, chaque phrase, chaque rythme et chaque pause. La nature auditivo-phonique des mots remet en question le statut même du langage, dans la mesure où le texte écrit rend audible cette dissonance qui est située au cœur d'un paysage culturel autrefois harmonieux. Joyce était profondément préoccupé par la musicalité des mots qui lui permettait de recréer les propriétés non lexicales de la musique et d’en jouer à travers le texte écrit du roman. À la suite d'Ezra Pound, qui estimait que le devoir du poète était d'apprendre la musique, et de Ludwig Wittgenstein, pour qui la lecture s’apparentait à l’écoute musicale, notre article tentera tout d'abord d'identifier certains fragments, allusions, références et structures musicales dans le roman de Joyce, avant de montrer comment la musique y est à la fois l’expression d’une modalité, d’un désir d’autoréflexivité et un miroir du contexte historique dans lequel le romancier irlandais a produit son œuvre.