2020
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Sebastian Roché et al., « Sentiment national : un clivage entre adolescents irréligieux et musulmans », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.24bxfx
Dans un contexte de croissance de l'affirmation de l'identité cultuelle des musulmans, en particulier des jeunes, la religion a pris une place centrale dans le débat politique en France mais aussi dans toute l'Europe 1 depuis maintenant une bonne vingtaine d'années. Le lien entre convictions religieuses et citoyenneté, mais aussi la pertinence dans le contexte actuel des modalités du sécularisme 2 , sont maintenant un enjeu politique de premier plan. Comment se combinent l'intégration religieuse et politique des adolescents ? Dans le contexte français, marqué par une forte sécularisation 3 , il ne s'agit pas seulement de prendre en compte les effets sociaux et politiques de l'adhésion à différentes dénominations, mais également à la non-religion, en incluant à l'analyse les irréligieux ou « sans religion », les athées convaincus ou simplement les indifférents à la religion, qui représentent la vision du monde la plus fréquente chez les adolescents. L'idée de la nation occidentale est étroitement liée à celle de l'Etat, et on parle d'Etat-Nation. Un enjeu important consiste donc à savoir si la religion est une sorte de dénominateur commun, un pourvoyeur de liens et de normes partagées, ou bien si elle divise. Chaque Etat a historiquement tenté de rassembler les diverses collectivités ou communautés (régionales, ethniques, linguistiques, religieuses) pour les réunir en une nation, un peuple politique. Cet amalgame dans la nation est plus ou moins solide suivant les époques et les pays. L'inscription dans une Eglise a des effets sur l'attachement national qui dépendent de traits macro-sociaux et notamment du caractère plus ou moins sécularisé de la société 4 , ce qui explique que les liens entre religion et sentiment national varient suivant les pays. Dans le cas de la France, des thèses diverses ont été proposées, certains voyant le sécularisme marqué de notre pays comme un obstacle à l'intégration de musulmans affirmant leur spiritualité, d'autres au contraire faisant de l'intégration socio-économique le seul véritable problème que la religion viendrait cacher. Ces prises de position sont rarement étayées par des études empiriques systématiques faites à partir d'échantillons robustes.