2020
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Cristina Ribaudo et al., « AquaVIT Quand les plantes aquatiques invasives transcendent les frontières : approche pluridisciplinaire des relations entre espèces, milieux et gestionnaires », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.24f92e...
Le projet de recherche AquaVIT vise à accompagner l’évolution des modalités de gestiondes grands lacs aquitains, confrontés à des enjeux environnementaux liés à lacolonisation par les plantes aquatiques invasives. Ces plantes exotiques à caractèreenvahissant peuvent occuper une place importante au sein des écosystèmes lacustres et,par la même occasion, entraver de nombreux usages des lacs, notamment la pratiqued’activités de loisirs. En Nouvelle-Aquitaine, ces macrophytes invasifs font l’objet d’uneattention de la part des gestionnaires, élus et scientifiques depuis maintenant plus detrente ans. Néanmoins, un certain nombre d’interrogations demeurent. Les plantesprésentent encore des dynamiques de colonisation importantes dans de nombreux plansd’eau et les opérations de gestion visant à les réguler sont menées localement. Le projetde recherche AquaVIT s’intéresse particulièrement aux questions suivantes :- Les plantes invasives constituent-elles un élément perturbateur du bon fonctionnement écologique lacustre ?- Comment "faire avec" les plantes au quotidien ?- Comment "faire ensemble" ?Le projet AquaVIT affiche une ambition pluridisciplinaire forte, qui associe, dès saconception, les sciences humaines et sociales d’une part, et les sciences biogéochimiqueset écologiques d’autre part. Ce projet propose une alternative à la vision quantitative etmesurable, strictement centrée sur la plante (i.e distribution et biomasse des plantes), versune approche plus qualitative, orientée sur les relations entre la plante et sonenvironnement, celui-ci étant considéré d’un point de vue écosystémique et social.Appropriée par chacune des disciplines, cette posture a donné lieu à des approchesempiriques diverses et spécifiques. Dans le projet AquaVIT ont été déployées, entreautres, des enquêtes (qualitatives et quantitatives) auprès des acteurs, des études sociohistoriques basées sur des analyses de documents, mais aussi des prélèvements etmesures biologiques et physico-chimiques in situ, ainsi que des expérimentations enlaboratoire. Le croisement de ces regards et de ces méthodes constitue une des richessesdu projet. Les résultats obtenus invitent à s’éloigner d’une représentation univoque desconséquences potentielles de la présence d’herbiers denses de plantes aquatiquesinvasives, tout comme à contextualiser la problématique socio-environnementale de leurgestion. Ceci peut être illustré par le fait que les processus écologiques etbiogéochimiques à l’œuvre dans les herbiers sont étroitement liés aux conditionshydrodynamiques locales, ou encore que les représentations et les attitudes à leur sujetdépendent pour partie des usages et des pratiques de terrain. Dans certaines conditions,une telle « contextualisation » de la problématique a favorisé l’émergence d’innovationsorganisationnelles, se traduisant, par exemple, par des dispositifs à caractère participatif.En dépit des motivations et des intentions à s’engager, dont témoignent les usagers desplans d’eau, les soutiens (humains, techniques et financiers) des pouvoirs publics, restentessentiels. Sur un plan spatial, ces innovations peinent toutefois à dépasser l’échelle dessites, de sorte que la mise en relation entre plusieurs secteurs, que l’on est parfois enmesure d’attendre compte tenu de la dynamique des plantes et des processus, reposeencore très largement sur les réseaux sociotechniques des gestionnaires traditionnels desmilieux, et peu sur les utilisateurs finaux.