Hubert Heyries, historien de la période contemporaine, spécialiste de l’histoire des mentalités militaires comparées France-Italie, revient sur son parcours professionnel et la passion de son métier

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19 septembre 2017

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Anne-Marie Granet-Abisset et al., « Hubert Heyries, historien de la période contemporaine, spécialiste de l’histoire des mentalités militaires comparées France-Italie, revient sur son parcours professionnel et la passion de son métier », Ganoub, archives sonores de la recherche, ID : 10670/1.24lblo


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Hubert Heyries débute son entretien en manifestant son bonheur de faire son métier d’enseignant en histoire qui est celui qu’il a toujours souhaité faire. Il revient sur le moment où il a découvert l’histoire, au CE2 avec un enseignant, Monsieur Portal qui utilisait dans ses méthodes pédagogiques les manuels Lavisse et le cinéma pour documenter un « roman national » qui l’a accompagné tout au long de ses études. Dans l’objectif de faire de l’histoire, il quitte une série scientifique en terminale dans un lycée d’Avignon pour passer un baccalauréat littéraire et poursuivre ses classes préparatoires à Paris. Il ne réussit pas le concours de l’ENS Saint-Cloud en 1984 et s’inscrit à Paris 4 où il passe les concours et réussit le CAPES puis l’agrégation. Il revient sur l’ambiance familiale qui – s’il n’y avait pas d’enseignants -, était soucieuse des humanités. Une famille marseillaise, où les livres avaient leur importance mais aussi la télévision, la musique et le sport. Il revient en fin d’entretien sur la période Paris 4 où il prépare les concours en rédigeant une maîtrise sur le Haut Moyen-âge, au 11e siècle, qui portera sur le rapport entre monachisme et aristocratie et qui s’appuie sur des copies du XVIIe siècle de chartes latines. Le niveau de latin était très élevé et il ne souhaite pas continuer dans le domaine. C’est durant la période du service militaire (1988-1989), qu’il découvre l’histoire miliaire comme est bibliothécaire à Montpellier où il ouvre la bibliothèque du centre d’histoire militaire et d’études de défense nationale (CEHD) qui a été créé en 1968 par André Martel (1930-2019) et auquel Jules Maurin vient de succéder en 1988. Logé à la caserne, il passe « une année de rêve » à lire les livres d’histoire et les thèses déposées dans cette bibliothèque spécialisée. Après son agrégation, alors qu’il s’imagine qu’il terminer sa vie suivant ses vœux d’enfant enseignant d’histoire dans le secondaire, il est nommé dans un collège, près de la frontière Belge, dans le collègue de Berlaimont. Mais inquiet de perdre le lien avec les échanges intellectuels qu’il avait jusqu’ici, il obtient quelques heures d’enseignement à Arras, au sein de l’université de Lille 3 puis sollicite un poste de PRAG en 1992. Il fait ses demandes dans les villes du Sud, son expérience au sein de la bibliothèque du CEHD jouent peut-être, il est en tout cas nommé à Montpellier 3. André Martel, toujours très présent dans la laboratoire même s’il était alors nommé à l’IEP d’Aix lui conseille tout de suite de faire une thèse. Il réfléchit rapidement au sujet et, après son expérience positive au sein de la bibliothèque du CEHD, il décide de s’engager dans une histoire militaire du côté de l’histoire des mentalités. Par ailleurs, il vient de faire en septembre un beau voyage en Italie, en Toscane, il repense à son origine piémontaise, par son arrière-grand-père de Cuneo, 3e génération venu à Marseille et il se décide pour une comparaison France/Italie, dans un élan qui lui rappelle la formule de Pierre Milza « le réveil de 3ème génération ». André Martel accepte son sujet en lui conseillant de publier en italien, de percer le milieu fermé des historiens italiens de trouver des archives inédites. Pour apprendre la langue, il suit des cours à la société Dante Alighieri et vit chez l’habitant lors de ses séjours. A Turin, où il assiste en auditeur libre à des cours à l’université, rencontre le professeur Giorgio Rochat, vaudois, artisan du renouveau de l’histoire militaire, proche de son maître spirituel André Martel et de la même génération. Il se sent « adoubé » et les portes vont s’ouvrir pour lui en Italie autour de l’histoire militaire italienne, vue du côté de l’histoire culturelle, de l’histoire des mentalités. Il obtient une bourse à l’école française de Rome (EFR) qui facilite ses séjours (15 jours renouvelables) et les finance à hauteur de 2000 francs. Toutefois, son sujet est vaste – l’armée piémontaise avant 1961- et son objectif comparatiste rend la difficulté encore plus grande. Catherine Brice, directrice des études à EFR, lui conseille de sélectionner un seul angle et le remet sur le chemin de l’écriture. Il choisit de préciser la notion de communauté militaire prise entre deux patries, la savoyarde et la niçoise. À l’Archivio di Stato de Turin un archiviste découvre deux « mazzi di declarazione di nazionalità » qui ne sont pas portés à l’inventaire, le nœud qui lie les documents, le papier, la poussière lui font penser que c inédit : il a trouvé son corpus. Il termine sa thèse en 1998 et il est élu maître de conférence la même année. À cette période, le laboratoire auquel il est rattaché souhaite mettre en avant une histoire militaire rénovée avec un accent sur le bassin méditerranéen, créant un pôle ente Lyon, Aix-Marseille et Montpellier. Il pense déjà à son sujet d’habilitation, qu’il souhaite toujours orienter sur une histoire militaire comparée croisant les regards France/Italie toujours orientée vers une histoire des migrations, de l’altérité, des stéréotypes, une histoire du soldat en temps de paix, au-delà des processus de recrutement ou des batailles. Il commence alors à s’intéresse aux volontaires garibaldiens venus en France en 1914, aux français partis en Italie, en 1918 en 1943 ou encore aux volontaires italiens de l’armée des Vosges de 1870. Il veut écrire une histoire des mentalités à par de documents d’archives, dans une démarche méthodiste et néo positiviste. Il s’appuie sur toute une série de documents : la presse (où il étudie l’iconographie, le processus d’héroïsation), les souvenirs et les témoignages écrits (où il étudie la mémoire de guerre) et les fonds d’archives souvent négligés sur la logistique et l’administration de la guerre qui lui permettent d’étudier des éléments essentiels comme l’approvisionnement des civils et des militaires, la nourriture des soldats… Le titre de l’HDR soutenue en 2006 sera « Armes, guerre et société, France/Italie 1848-1945. Regards croisés ». En 2008, Montpellier 3 ouvre un poste de professeur d’histoire contemporaine fléché histoire militaire dont une partie de l’enseignement est dispensé sur l’antenne de Béziers, il est élu et pense y terminer sa carrière. Intégré aujourd’hui dans une équipe très large et pluridisciplinaire (CRISE – Centre de recherche interdisciplinaire en sciences humaines et sociales), il est peu actif au niveau collectif et se consacre principalement à l’écriture en solitaire. Il vient de publier deux ouvrages en langue italienne et il est en cours de rédaction d’un épais ouvrage sur l’histoire de l’armée italienne des origines à nos jours, premier livre qui sortira sur ce sujet. Hubert Heyries termine, comme il a débuté son entretien, par l’affirmation du plaisir qu’il a à faire son métier.

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