2023
Servanne Jollivet, « L’enjeu d’une réinterprétation des Lumières grecques. Deux lectures, de Dimaras à Kondylis », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.250c3t
Tour à tour remis en cause ou revalorisé au nom d’une spécificité néohellénique, emblématique d’un héritage éclairé élargi à l’Europe du Sud-est, les « Lumières grecques » (Diaphotismos) sont, depuis la fondation de l’Etat grec, au cœur d’un processus de construction identitaire éminemment complexe. Leur réappropriation et les différentes interprétations qui en sont faites sont d’autant plus complexes qu’elles sont redoublées, dans le cas grec, d’une référence à l’antiquité, à travers le mythe d’un « miracle grec » mobilisé par le philhellénisme allemand et utilisé contre le modèle rationaliste français. Ce qui nous semble ici intéressant est de voir comment la question de l’identité grecque (hellénicité) se cristallise précisément à la croisée de ces transferts, entre la référence à l’héritage révolutionnaire français et la filiation romantique allemande, héritée de l’Aufklärung. En nous appuyant sur certaines réinterprétations philosophiques du Diaphotismos, telle qu’on la trouve chez des auteurs comme Panagiotis Kondylis, Christos Giannaras, mais également chez Ioannis Theodorakopoulos, nous nous proposons d’offrir une lecture des enjeux, idéologiques et philosophiques de cette réinterprétation parfois très contrastée du Diaphotismos. L’idée est ici de montrer qu’elle reste éminemment emblématique et tributaire des différents débats qui se cristallisent au XXe siècle autour de la question de l’hellénicité.