Art et espace public : le cas du tramway à Caen, Strasbourg et Nantes

Résumé Fr

Faisant suite à une recherche d’anthropologie urbaine, cet article se propose de revenir sur l’implantation de tramways dans les villes de Caen, Strasbourg et Nantes, en saisissant la question des aménagements et de la commande artistique. La mise en place d’un moyen de transport bénéficiant d’une bonne image, tant au niveau local que national, incite les élus à se saisir du projet : de la conception des rames jusqu’au traitement des espaces publics, ils ne négligent aucune étape. Leurs traitements du projet oscillent entre la maîtrise globale, voire l’interventionnisme, et la mise en débat public. C’est dans ce contexte politique et organisationnel qu’est envisagé le retour sur la conception et la mise en œuvre des projets artistiques élaborés lors du prolongement des lignes 1 et 3 à Nantes, ainsi que sur leur réception publique. Le constat d’un déficit de communication entre les différents protagonistes – de l’artiste à l’usager, de l’élu au technicien en passant par l’assistance à maîtrise d’ouvrage culturelle – permet de mieux comprendre la fortune très relative des commandes artistiques. Misant sur la capacité de l’œuvre d’art à créer une « dissonance cognitive » apte à questionner le rapport des espaces aux usages, les projets artistiques, faute d’avoir été suffisamment réinvestis, n’ont su dépasser le stade de la rupture, étape jugée nécessaire pour enclencher leurs réceptions, mais insuffisante pour garantir leurs réussites.