2014
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Nidaa Abou Mrad, « Polymorphisme rythmique d’une hymne syriaque maronite ou comment gravir le Chemin de Croix en dansant ? », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.265133
Cet article est confronté à la problématique inhérente à la haute fréquence des hymnes syriaques de l’office de la Semaine Sainte maronite, dont le rythme est doublement stratifié, en ce sens qu’il peut être analysé à la fois comme procédant d’une bichronie 2/1, qui est attachée aux pulsations syllabiques et qui est propre au giusto syllabique, et d’une bichronie 3/2, qui agglomère les pulsations syllabiques au sein de pulsations métasyllabiques et qui est propre à l’aksak, selon la typologie établie par Constantin Brăiloiu. L’hypothèse avancée consiste à considérer cette double stratification rythmique comme une actualisation du syncrétisme esthétique qu’a réalisé saint Éphrem de Nisibe au IVe s. entre le schème apollinien et le schème dionysiaque, en sorte que la strate giusto syllabique serait liée au première schème, tandis que la strate aksak dénoterait la deuxième strate. La validation de cette hypothèse repose sur une analyse morphophonologique rythmico-mélodique de la strophe-modèle commune à neuf hymnes de mesure 11/8, enregistrées par le maître de cette tradition, le Père antonin Maroun Mrad (1913-2009). Cette analyse procède de la sémiotique modale et permet de réécrire la surface de ces hymnes en termes de structures sous-jacentes. Ainsi la perspective diachronique/phylogénique du syncrétisme esthétique antique se trouve-t-elle réactualisée sous la forme synchronique/ontogénique d’une transformation qui opère en sémiotique grammaticale générative musicale entre deux strates morphologiques. C’est en ce sens que ces hymnes de la passion christique sont investie d’une dynamique de danse dabkeh aksak paysanne, qui inscrit l’enthousiasme de la résurrection christique dans le Chemin de Croix.