Marie Salgues, « "Capítulo V. La (im)posible expresión del antimilitarismo en el teatro durante el reinado de Isabel II" », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.26jf3w
En 1833, quand Isabelle II hérite d’une couronne que, pour l’heure, porte sa mère en tant que Reine régente, une guerre civile éclate, qui déchire le pays. Sept ans plus tard, c’est un militaire, le général Espartero, qui apparaît comme le grand vainqueur de cette première guerre carliste et il prend le pouvoir après avoir renversé la Régente, Marie-Christine. Quand, en 1843, Isabelle II est déclarée majeure et assume la couronne, dix ans se sont écoulés sous le règne de l’omniprésence des militaires, et leur ombre s’est étendue à une grande partie de la vie des Espagnols. L’historiographie a consacré le règne d’Isabelle II comme celui des espadones [« hommes d’épée »] et la révolution qui y met fin, en 1868, est menée par deux généraux (Prim et Serrano) et un amiral (Topete). En outre, dans les années 1860-1870, l’Espagne a connu plusieurs guerres, comme la Guerre d’Afrique (1859-1960), celle de Saint Domingue (1861), une expédition au Mexique (1862) ou la Guerre du Pacifique (1866), tandis que le danger carliste ressurgissait avec plus ou moins de force sur le territoire péninsulaire. Etant donné le pouvoir dont jouissaient les militaires, le rôle prépondérant qu’ils furent amenés à jouer dans ces différents conflits, quelle vision en avait la société civile ? Le théâtre peut fournir des éléments de réponse à cette question, puisque les personnages de militaires abondaient dans les pièces – donnant lieu à un personnage théâtral type –, que les soldats et officiers représentaient une part importante des spectateurs et pouvaient même parfois se faire dramaturges. Toutefois, le fonctionnement de la censure, qui protégeait l’image d’une armée jugée indispensable – et très susceptible dans les faits –, de même que les protestations véhémentes des soldats spectateurs quand ils se sentaient offensés par l’une ou l’autre œuvre, limitaient très fortement ce qu’il était possible de dire et rendaient presque impossible la critique, le cas échéant. Il faut y ajouter, et c’est peut-être le plus puissant facteur pour empêcher les dissensions, la représentation traditionnelle du soldat au théâtre, très positive, qui imposa son image riante et stéréotypée.