2020
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Eve-Anne Bühler et al., « Néolibéralisation de la nature », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.282t9b
Le terme de "néolibéralisation de la nature" a fait florès au début des années 2000, à l'issue d'une décennie d'ajustement structurel dans les pays dits du Sud, et à une période de globalisation des questions environnementales. Il s'est d’abord agi d'un mantra des mouvements dénonçant l'ingérence renouvelée des grandes puissances occidentales et de leurs émissaires, les entreprises transnationales, marquée par l'avancée des fronts agraires, des activités minières ou de l'extraction d'hydrocarbures. Le terme fait simultanément une carrière académique à partir de la seconde moitié des années 2000, cherchant à décrire de façon critique le renouvellement des liens à la nature établis par le Capitalisme du début du XXIe siècle, principalement sous l'angle de la "marchandisation" d’objets naturels et des nouvelles régulations environnementales associées. De cette double filiation résulte une polysémie du terme de "néolibéralisation de la nature", selon qu'on insistesur les mécanismes de dépossession et de domination qu'il recouvre, ou que l'on privilégie ses dimensions culturelles et d'économie politique. Malgré ses limites heuristiques, évoquées cet article, et sous réserve de clarifier les échelles et les objets auxquels on veut l'appliquer, la notion reste utile pour éclairer certains débats essentiels relatifs à l'Anthropocène.