2017
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Christophe Baticle, « Chasser les données de longue durée : la longue marche des tendelles vers leur légalisation », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.285306...
Cette série d’articles se propose de présenter, sous un angle essentiellementhistorique et à partir d’une organisation principalement chronologique, une pratiquepeu connue en France, parce que peu diffusée, voire devenue confidentielle. Il s’agitd’une démarche de piégeage des turdidés (soit les espèces de grives et de merles), opérée à partir de pierres, dont l’une, plate (dite lauze), est retenue en équilibre par un système de bâtonnets de bois, dans une forme d’échafaudage délicat à mettre en oeuvre. En apparence « primaire », les dites tendelles exigent en réalité une véritable dextérité, ou plus précisément un doigté qui ne s’acquiert que dans la durée de l’exercice. Par-delà cette compétence technique, les adeptes de la tendelle, appelés les tendeurs, sont surtout de fins connaisseurs du mode de vie des turdidés, des cosystèmes qu’ils affectionnent, mais encore de leurs habitudes en fonction de la ressource alimentaire. Si les grives et les merles ont un régime d’alimentation relativement pragmatique (fruits, dont les raisins des régions vinicoles, baies diverses disponibles sur les arbustes, vers de terre) (2), l’hiver est beaucoup plus problématique, et ce d’autant plus dans des régions connues pour leurs froidures, comme les Grands Causses. Alors que les fruits et la plupart des baies ont disparu avec le gel, ce dernierempêche également les oiseaux de creuser la terre pour y trouver leur pitance. C’est à cette période de l’année qu’opèrent les tendeurs, en glissant quelques baies de genévrier, au pied de l’arbre du même nom, sous la lauze destinée à s’abattre sur l’animal qui aura déstabilisé les quatre bâtonnets (généralement taillés dans de l’amélanchier) assemblés selon un dispositif en V, ressemblant au principe du trébuchet.