2011
Cairn
Monique Schneider, « Maternité et aliénation », L'Homme & la Société, ID : 10670/1.28b8j3
La dualité à partir de laquelle s’organise l’aliénation féminine, portée à son comble dans la maternité, n’est pas celle du masculin et du féminin, comme dans nombre de pensées féministes, mais celle de l’« espèce » et du couple homme-femme : pour Simone de Beauvoir, les deux partenaires se trouvent « dévorés » par cette entité anonyme, dont l’emprise est toutefois plus forte chez la femme que chez l’homme.Dans cette pensée, la prise en compte de l’« histoire » nous contraint à infléchir le rapport entre maternité et aliénation : alors que, dans les temps primitifs, la maternité, par le risque d’abondance qu’elle entraîne, ne peut qu’entraver la puissance affirmative de l’humain guerrier, l’accès à l’agriculture provoque une assimilation de la femme à la terre et fait apparaître un rapport à l’activité qui déborde l’antithèse du passif et de l’actif.