2007
Cairn
Andrea Fumagalli et al., « Marché du travail, bioéconomie et revenu d'existence », Multitudes, ID : 10670/1.29ouy8
La théorie orthodoxe de l’économie a fait l’erreur de supposer implicitement que le marché du travail pouvait être analysé sur les bases habituelles d’un marché de biens et de services. Le travail n’est pas une marchandise puisque par nature il n’est pas solvable, et qu’il ne le devient qu’à travers la disponibilité au travail qui permet au travailleur de définir une demande solvable. En fonction du rapport entre activité de travail et être humain (degré d’aliénation), la solvabilité du travail devient plus ou moins apparente et son caractère de chantage plus ou moins fort. L’analyse des caractéristiques qui aujourd’hui définissent la prestation de travail dans le cadre du capitalisme cognitif oblige à développer un nouveau paradigme théorique : celui de la bioéconomie. La distinction classique entre production et reproduction, consommation et production, temps de vie et temps de travail / production tend à perdre de sa pertinence. Dans le contexte bioéconomique, le travail devient de plus en plus un bien commun et social. Il en découle alors que la « juste rémunération » des facteurs productifs est la rémunération de la vie (autrement dit un revenu d’existence) puisque le plus important input productif est désormais la vie. Il faut marier l’analyse théorique à l’observation des réalités pour comprendre dans quelle mesure la tendance cognitive du capitalisme peut faire l’objet d’une mesure à l’intérieur des lieux de la production.