2012
Cairn
Simon Deakin et al., « Marchés du travail, crise financière et réforme : projet d'agenda pour une politique du travail », L'Homme & la Société, ID : 10670/1.2a2db9...
Cet article envisage la relation entre les systèmes de droit du travail et les tendances économiques générales dans les économies de marché développées, en intégrant la crise financière récente et la récession qui en a résulté. Certaines formes de réglementation juridique du travail, en particulier en matière de temps de travail et de protection de l’emploi, ont des effets économiques bénéfiques en termes d’emploi et de productivité dans les régimes de marché coordonnés, où figurent à la fois un marché des capitaux et des institutions gouvernementales complémentaires. Dans un régime de marché libéral par contre, les effets sont plus mitigés : sans institutions complémentaires, ces formes de réglementation peuvent induire une croissance de la productivité, mais ceci au détriment de l’emploi. Dans l’ensemble, la proposition selon laquelle la réglementation juridique du travail pèserait sur l’efficience du marché du travail n’est pas établie. Mais les systèmes de droit du travail confronté au néolibéralisme n’ont pas réussi à endiguer la montée des inégalités et le déclin du syndicalisme. Les inégalités salariales et financières croissantes, qui ont pris des proportions plus importantes dans les systèmes de marché libéraux, ont été une des raisons menant à la crise financière de 2009. Dans les conditions actuelles de récession, il y a de bonnes raisons de renforcer la réglementation juridique du travail afin de stabiliser l’emploi et les salaires. À plus long terme, une réorientation du droit du travail, tournant le dos à la politique de flexibilisation, pourrait contribuer au rééquilibrage des économies émergeant de cet échec d’un modèle néolibéral fondé sur la croissance financière. La faiblesse actuelle des syndicats dans de nombreux systèmes rend cette réorientation moins probable, même si de nouvelles occasions d’engagement entre les syndicats, les employeurs et les gouvernements pourraient apparaître si la récession continue.