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Lionel Nesta et al., « L' Etat du tissu productif français Absence de reprise ou véritable décrochage ? », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.2a3314...
L’analyse du tissu productif français mène aux conclusions suivantes :■ Le coût du travail. La France a un coût salarial horaire voisin de celui de l'Allemagne.Le problème de la France vient davantage d’un coût du travailnettement plus élevé dans les services marchands, ces derniers étant unintrant important des industries manufacturières. L'Espagne se distingue parson entrée dans une politique de modération salariale.■ L'investissement productif. Le volume d’investissement n’est pas en cause.C’est bien la nature de l’investissement réalisé par les entreprises qui est questionnable.L’investissement des entreprises semble notamment trop orientévers l’immobilier, du fait de prix élevés, et non vers la montée en gamme.■ Le positionnement en gamme. La France fait des efforts de R&D significatifsmais plus faibles que les pays les plus innovants, comme l'Allemagne.■ La destruction créatrice. Dans l'ensemble, la vision commune qui voit enFrance un déficit de création d'entreprises est fausse. La France peine pourtantà renouveler en profondeur l’appareil productif du fait d'un processusconcurrentiel qui avantage les entreprises déjà en place.Plus globalement, le diptyque « faiblesse structurelle des investissementsproductifs et en R&D–concurrence en prix de nos voisins » représente une réellemenace de décrochage de l'appareil productif français. L’économie française est« prise en sandwich » entre d'un côté une concurrence en prix croissante et d'unautre côté une anémie persistante de son effort de recherche et de ses investissementsproductifs. Dans ce contexte, il faut que les politiques fiscales mises en placedernièrement (CICE) se traduisent par des gains réels de compétitivité, soit via lesprix pratiqués par les entreprises à court terme, soit via des investissements modernisantl'appareil productif français à plus long terme.Les futurs gouvernements devront trancher sur l’avenir du tissu productif fran-çais, entre d’un côté orienter le pays vers une économie de services aux entreprises,insérée dans la chaîne de valeur mondiale mais sans réelle spécialisation industrielle,et de l’autre, engager la spécialisation du pays vers des industriesconsidérées comme des leviers importants de la compétitivité future du pays,comme l’énergie, l’aéronautique, et les industries liées à la santé. Une chosesemble claire aujourd’hui : le redressement du tissu productif français a besoin depolitiques bien plus ambitieuses que la simple mise en place d’incitations fiscales.