2024
Cairn
Jean Bonniol, « L’histoire au miroir de l’indépendantisme antillais. En mémoire de Jean-Pierre Sainton », Cahiers d'études africaines, ID : 10670/1.2a3510...
Au fil de souvenirs personnels est retracé l’itinéraire intellectuel de l’historien guadeloupéen Jean-Pierre Sainton, prématurément disparu à l’été 2023, itinéraire marqué par une articulation complexe entre sa militance nationaliste guadeloupéenne et son respect des exigences, tant scientifiques qu’éthiques, du métier d’historien. On remonte pour comprendre l’émergence de sa pensée à l’engagement indépendantiste de son père, l’un des fondateurs du GONG (Groupement des organisations nationalistes de la Guadeloupe), qui fut l’un des principaux accusés lors du procès qui suivit les émeutes de la Guadeloupe en 1967 (Jean-Pierre Sainton est alors âgé de 12 ans), marquées par une féroce répression. On suit ensuite sa formation universitaire, d’abord à Pointe-à-Pitre puis à Paris, et les débuts de sa vie militante. Puis on envisage son éloignement progressif de l’indépendantisme et sa conversion à la rigueur et aux exigences du métier d’historien dans les années 1990, alors qu’il intègre finalement l’Université des Antilles à la fin de la décennie. Son parcours dès lors concilie une fidélité à son identité guadeloupéenne et une approche véritablement historienne, se voulant fondée sur une grande rigueur critique, démarche exemplaire qui lui a permis de développer une histoire qu’il voulait « compréhensive ». Place doit lui être reconnue parmi les plus éminents historiens des Antilles.