Prendre soin, donner sens : pour une conception maussienne de la médecine

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Contrairement à une conception de type utilitaire, qui tend à dominer aujourd’hui, la médecine répond fondamentalement à une éthique qui doit se comprendre à partir du don, c’est-à-dire de la triple obligation de donner, recevoir et rendre. En effet, la motivation intrinsèque d’une telle activité consiste à s’occuper d’un patient qui est à la fois objet et destinataire des soins prodigués. Ce que le patient a à offrir en retour n’est pas tant de l’argent qu’une certaine confiance, qui est une des conditions essentielles de l’exercice de la médecine. C’est que celle-ci, avec toutes ses incertitudes, vise la santé, qui consiste dans le rétablissement de relations suffisamment assurées entre l’individu, son corps et le monde ; et c’est pourquoi le médecin fait avant tout œuvre de remédiation. Voilà, pour l’essentiel, ce qui échappe aux tentatives gestionnaires et mercantiles qui tendent à imposer des principes qui en trahissent l’esprit, et en corrompent la pratique.