Connected patients : Self-tracking and the challenge of health education Patients connectés : L'éducation à la santé au défi de la quantification de soi En Fr

Résumé En Fr

Until now, the sciences of education have been absent from research about Self-Tracking. Yet they have a role to play in understanding the tensions that structure the subject in the era of connected health. After identifying, in the history and epistemology of health, the moments of rupture that led to an increasing quantitative vision of health, we will show how the conditions for the emergence of self-health intersected with the exercise of biopolitics from the 18th century. We will move towards the trend towards the “cult of autonomy” characteristic of our contemporary era: this could cover a new inflection of biopolitics that posits entrepreneurial freedom and the valorization of self-control as sides of the same coin, an ambivalence that digital devices promise to pursue while nuancing it differently. Through a series of interviews with three populations facing chronic health problems (obesity/overweight, heart diseases, diabetes), we will attempt to show how the subject is constituted in the context of the digitization of the body and health, and according to which ambivalences. Our aim is to offer a qualitative analysis of the practices involved in Self-Tracking, in order to understand how the experience of the lived body and the objectification of the living body, between care and cure, can be be articulated within self-care. This will require us to recognize, to some extents, the possibility of a reflexive return to the subject capable of increasing self-care, even as Self-Tracking suggests a risk of increased objectification of the body. But these promises come up against obstacles linked to the nature of the pathology or the medical, social and technical support provided to patients. Digital world is forcing the subject into a new ecology, which health education must take into account in order to provide the support it needs.

Restées jusqu’aujourd’hui absentes des recherches sur la quantification de soi, les Sciences de l’éducation et de la formation ont un rôle à jouer dans la compréhension des tensions structurantes du sujet à l’heure de la santé connectée. Après avoir identifié, dans l’histoire et l’épistémologie de la santé, les moments de rupture qui ont conduit à soutenir une vision de plus en plus quantitative de la santé, nous montrerons combien les conditions d’émergence de l’autosanté ont croisé l’exercice de la biopolitique à partir du 18ème siècle. La tendance au « culte de l’autonomie » caractéristique de notre époque contemporaine pourrait ainsi recouvrir une inflexion nouvelle de la biopolitique qui pose comme faces d’une même pièce liberté d’entreprendre et valorisation du contrôle de soi, ambivalence que les dispositifs numériques promettent de poursuivre en la colorant différemment. À travers une série d’entretiens menés auprès de trois populations faisant face à des problèmes de santé chroniques (obésité/surpoids, cardiopathies, diabète) nous tenterons de montrer comment se constitue le sujet dans le cadre d’une numérisation du corps et de la santé et selon quelles ambivalences. Il s’agira de proposer une analyse qualitative des pratiques de quantification de soi pour comprendre l’articulation qui peut se faire, au cœur du soin de soi-même, entre expérience du corps vécu et objectivation du corps vivant, entre care et cure. Cela nous enjoindra à reconnaître, dans certaines mesures, la possibilité d’un retour réflexif sur le sujet capable d’accroître le souci de soi alors même que la quantification de soi laisse présager un risque d’objectivation accrue du corps. Mais ces promesses rencontrent des freins liés à la nature de la pathologie ou encore aux modalités d’accompagnement social, médical et technique des patients. Le numérique voue le sujet à une nouvelle écologie dont l’éducation à la santé doit prendre la mesure pour penser son accompagnement.