3 juin 2025
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Alexia Gassin, « Vladimir Nabokov et la défense du droit à la différence », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.2b0b08...
Au cours de son existence, Vladimir Nabokov connaît deux systèmes totalitaires, incarnés, d’un côté, par le pouvoir bolchevique, que la famille Nabokov fuit dès 1919 et qui donnera naissance à l’Union soviétique en 1922, et, de l’autre côté, par le régime national-socialiste, sous lequel Nabokov vivra jusqu’en 1937, année pendant laquelle il quittera Berlin pour Paris, puis les États-Unis. Même si l’écrivain ne subit pas lui-même la répression de ces deux totalitarismes, il n’en est pas moins touché dans la mesure où son cousin, Iouri, est tué par les bolcheviques en 1919 et où son frère homosexuel, Sergueï, meurt dans le camp de concentration de Neuengamme en 1945. En outre, il est considéré comme un individu « dégénéré » en raison de ses œuvres littéraires, de sa nationalité russe et de sa femme juive, faisant de lui un demi-Juif. Au regard de cette histoire personnelle, il n’est pas étonnant que l’auteur consacre plusieurs de ses œuvres à ces deux régimes reposant sur la haine de la différence d’autrui, dont Nabokov dépeint la perversion à l’aide de procédés variés, explicites ou implicites, notamment dans les deux romans Invitation au supplice (1938) et Brisure à Senestre (1947) et les trois nouvelles Un Léonard (1933), Lac, nuage, château (1937) et L’Extermination des tyrans (1938). Cette étude permet de souligner la volonté de l’écrivain de défendre les droits de l’homme, et plus particulièrement le droit à la différence et à l’unicité de l’individu.