Vladimir Nabokov et la défense du droit à la différence

Résumé En Fr

During his life Vladimir Nabokov experienced two totalitarian systems, embodied, on the one hand, by the Bolshevik power, from which the Nabokov family fled in 1919 and which led to the Soviet Union in 1922, and, on the other hand, by the national socialist regime, under which Nabokov lived until 1937, when he left Berlin for Paris, and then for the United States. Even if the writer did not himself suffer from the repression of these two totalitarianisms, he was nonetheless affected, since his cousin, Yuri, was killed by the Bolsheviks in 1919 and his homosexual brother, Sergei, died in the concentration camp of Neuengamme in 1945. Besides, he was considered as a “degenerate” individual because of his literary works, his Russian nationality and his Jewish wife, making him half-Jew. In light of this personal history, it is not surprising that the author devoted several of his works to these two regimes based on the hatred of the difference of others and depicted the perversion using explicit or implicit methods, especially in the two novels Invitation to a Beheading (1938) and Bend Sinister (1947) and the three short stories The Leonardo (1933), Cloud, Castle, Lake (1937) and Tyrants Destroyed (1938). This study emphasizes the writer’s will to defend human rights, expressly the right to be different and the uniqueness of the individual.

Au cours de son existence, Vladimir Nabokov connaît deux systèmes totalitaires, incarnés, d’un côté, par le pouvoir bolchevique, que la famille Nabokov fuit dès 1919 et qui donnera naissance à l’Union soviétique en 1922, et, de l’autre côté, par le régime national-socialiste, sous lequel Nabokov vivra jusqu’en 1937, année pendant laquelle il quittera Berlin pour Paris, puis les États-Unis. Même si l’écrivain ne subit pas lui-même la répression de ces deux totalitarismes, il n’en est pas moins touché dans la mesure où son cousin, Iouri, est tué par les bolcheviques en 1919 et où son frère homosexuel, Sergueï, meurt dans le camp de concentration de Neuengamme en 1945. En outre, il est considéré comme un individu « dégénéré » en raison de ses œuvres littéraires, de sa nationalité russe et de sa femme juive, faisant de lui un demi-Juif. Au regard de cette histoire personnelle, il n’est pas étonnant que l’auteur consacre plusieurs de ses œuvres à ces deux régimes reposant sur la haine de la différence d’autrui, dont Nabokov dépeint la perversion à l’aide de procédés variés, explicites ou implicites, notamment dans les deux romans Invitation au supplice (1938) et Brisure à Senestre (1947) et les trois nouvelles Un Léonard (1933), Lac, nuage, château (1937) et L’Extermination des tyrans (1938). Cette étude permet de souligner la volonté de l’écrivain de défendre les droits de l’homme, et plus particulièrement le droit à la différence et à l’unicité de l’individu.

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