La jeunesse populaire à l’école de l’entrepreneuriat : Quand le monde de l’entreprise s’empare de l’éducation pour socialiser au nouvel esprit du capitalisme Popular youth at school of entrepreneurship : When the business world seizes education to socialize to the new spirit of capitalism Fr En

Fiche du document

Date

29 novembre 2024

Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Theses.fr

Collection

Theses.fr

Organisation

ABES

Licences

Confidential until : 2027-06-01 , http://theses.fr/Confidential




Citer ce document

Alexandre Vayer, « La jeunesse populaire à l’école de l’entrepreneuriat : Quand le monde de l’entreprise s’empare de l’éducation pour socialiser au nouvel esprit du capitalisme », Theses.fr, ID : 10670/1.2bd37f...


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Cette thèse prend pour objet des dispositifs dits de « sensibilisation à l’entrepreneuriat » qui se tiennent dans et hors de l’école auprès de publics de jeunes de classes populaires. Fruit d’une enquête ethnographique menée entre décembre 2017 et août 2019, par entretiens et observation (participante), elle interroge ces dispositifs en donnant à voir leur portée socialisatrice, mais aussi en montrant que derrière l’apparente simplicité d’une idéologie cohérente et particulièrement favorable à « l’esprit » du capitalisme, se cache en réalité des appropriations ambivalentes et des processus emprunts de rapports de forces. Tout en participant à la célébration de l’entreprise, les différents protagonistes sont pris dans un ensemble de contradictions dont l’on souhaite rendre compte dans le cadre de cette thèse. Dans une première partie, il s’agit de décrire les modalités de cette sensibilisation à « l’esprit d’entreprendre ». À travers l’analyse des discours et des pratiques qui accompagnent l’action de ces dispositifs, on montre qu’ils participent, avant tout, à légitimer et diffuser une injonction au travail de son « employabilité » que nous appelons la bonne volonté entrepreneuriale de soi se traduisant par une éducation qui vise à produire des rapports et des dispositions conformes au monde de l’entreprise et à ses attentes. Pour autant, on soutient que les jeunes de classes populaires que l’on a suivis se saisissent de ces dispositifs en les retraduisant d’une façon qui articule orthodoxie et hétérodoxie, témoignant ainsi du caractère dynamique et non-mécanique de cette éducation. La seconde partie de cette thèse saisit l’éducation à l’entrepreneuriat comme un moyen d’encadrer, par une socialisation au marché, les jeunes de classes populaires à travers des processus d’acculturation et de production d’un sens des limites économiques et sociales. Après un premier temps focalisé sur les dimensions économiques et marchandes relevant d’un rapport de nécessité au marché, le questionnement est intégré dans une sociologie des classes populaires attentive aux processus contemporains qui affectent cette région de l’espace social, entre désenclavement et renforcement des destins sociaux, autonomie et hétéronomie. Enfin, la dernière partie de cette thèse consiste à interroger l’éducation à l’entrepreneuriat comme un témoin particulièrement significatif des logiques ambivalentes du capitalisme qui affectent à la fois le monde associatif et l’économie dite « sociale et solidaire » et, en particulier, ses salariés, ainsi que le monde de l’entreprise lui-même, pris dans des processus de moralisation participant à sa légitimation. Ainsi, cette thèse est conçue comme un parcours qui ambitionne de faire varier les échelles analytiques en passant des niveaux les plus fins (les appropriations individuelles de cette socialisation à « l’esprit d’entreprendre ») aux niveaux les plus macrosociaux (les processus affectant les classes sociales dans leur ensemble ainsi que les dynamiques du capitalisme).

This thesis focuses on programs aimed at "raising awareness of entrepreneurship" conducted both within and outside schools, targeting young people from working-class backgrounds. Based on an ethnographic study, through interviews and participant observation, it examines these programs by highlighting their socializing impact. It also reveals that behind the apparent simplicity of a coherent ideology, which is particularly favorable to the "spirit" of capitalism, there lie ambivalent appropriations and processes marked by power dynamics. While these programs contribute to the celebration of the business world, the various stakeholders are caught in a web of contradictions that this thesis aims to elucidate.In the first part, the focus is on describing the methods of fostering the "entrepreneurial spirit". Through analyzing the discourses and practices accompanying these programs, it is shown that they primarily serve to legitimize and propagate a directive towards enhancing one's "employability", which we term the entrepreneurial-self good will. This is translated into an education aimed at producing relationships and dispositions aligned with the business world and its expectations. Nevertheless, it is argued that the young people from working-class backgrounds engaged with these programs reinterpret them in ways that blend orthodoxy and heterodoxy, demonstrating the dynamic and non-mechanical nature of this education.The second part of this thesis examines entrepreneurial education as a means of guiding working-class youth through socialization into the market, through processes of acculturation and the development of an understanding of economic and social boundaries. After initially focusing on the economic and market dimensions relating to a necessary engagement with the market, the inquiry is situated within a sociology of the working classes. It pays attention to contemporary processes affecting this segment of the social spectrum, straddling the lines between breaking free from and reinforcing social destinies, autonomy, and heteronomy.Finally, the last part of this thesis explores entrepreneurial education as a particularly significant witness to the ambivalent logics of capitalism. These logics impact both the associative world and the so-called "social and solidarity economy", especially its employees, as well as the business world itself, which is engaged in moralization processes contributing to its legitimization. Thus, this thesis is conceived as a journey aiming to vary the analytical scales, moving from the most detailed levels (individual appropriations of this socialization to the "entrepreneurial spirit") to the most macro-social levels (processes affecting social classes as a whole and the dynamics of capitalism).

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets