2023
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Catherine Laurent et al., « Evaluer le conseil relatif à la prévention des risques professionnels dans les exploitations agricoles pour produire quelles connaissances ? De la pertinence sociale des preuves. Rapport final du projet "Preuves" financé par le conseil scientifique de la CCMSA », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.2cb144...
L’évaluation n’est jamais un processus socialement neutre. Pourtant cet enjeu est souvent éludé. Le débat sur la pertinence des processus d’évaluation et de leurs résultats est souvent renvoyé à l’étape post-évaluation, au risque que les résultats de l’évaluation soient une source de tensions plutôt qu’un instrument partageable par l’ensemble des parties prenantes. L’objectif de cette recherche de 24 mois était d’analyser ce que serait une évaluation produisant des connaissances considérées comme pertinentes du point de vue des différents acteurs concernés par le conseil prévention dans la production agricole délivré par la MSA. Il ne s’agissait donc pas de produire une évaluation mais de recueillir et valoriser des connaissances et des attentes éparses au sein de la MSA et à l’extérieur, pour éclairer ex ante la décision sur l’évaluation à la MSA. L’analyse repose sur trois sources de données principales : la littérature scientifique, des rapports et textes réglementaires, et surtout sur des entretiens avec une diversité d’acteurs : personnes travaillant à la MSA et directement engagées dans le conseil prévention, administrateurs des 3 collèges de la MSA, représentants de personnes extérieures directement concernées par le conseil relatif à la santé et la sécurité au travail des personnes travaillant dans les exploitations agricoles.Les données recueillies concernent principalement : (i) la conception de la prévention en santé et sécurité au travail dans l’agriculture et de son évaluation ; (ii) le type de preuves qu’il paraît souhaitable de produire (preuves d’effet [est-ce que ça marche?...], preuves de mécanismes [comment ça marche ?], preuves de présence [contamination, stress…]) ; (iii) les méthodes à adopter (méthodologie participative, mesure des résultats (métrologie), mesure des moyens mis en œuvre, autoévaluation) ; (iv) les publics cible à privilégier (agriculteurs, salariés, jeunes, …) ; (v) les objets sur lesquels l’évaluation devrait porter en priorité.L’analyse montre que différentes conceptions de la prévention SST coexistent à la MSA et que l’évaluation de ces activités est jugée inégalement utile. Les résultats font ressortir cinq grandes représentations de ce que serait une évaluation produisant des connaissances pertinentes : « Pragmatique & documentée », « Gestionnaire & réglementaire », « Inclusive » ; « Ambivalente » ; « Distanciée ». Des critères de pertinence très différents sont mis en avant pour envisager une évaluation qui aurait du sens pour le conseil prévention dans les exploitations : la représentation gestionnaire n’est qu’une représentation parmi d’autres. On observe aussi qu’il y a des positions très opposées sur quelques questions clé (pesticides, salariés précaires, indicateurs d’efficacité) et la façon dont il doit en être tenu compte dans l’évaluation. Les détails de l’analyse fournissent des informations sur divers points d’attention qui peuvent être mobilisés pour réfléchir à l’évolution des procédures d‘évaluation du conseil prévention à la MSA et choisir les méthodes d’évaluation les plus adaptées aux objectifs. La richesse des expériences et des réflexions des personnels de la MSA, des administrateurs et des bénéficiaires de ces services apparaît comme une ressource importante pour faire progresser les procédures d’évaluation et notamment améliorer la fiabilité des indicateurs de succès et en éviter certains effets pervers.