2025
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Lionel Pernet, « La recherche sur les armes et la guerre au Second âge du Fer, quelles perspectives ? », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.2cc6f6...
Cet article explore l’évolution de la recherche sur les armes et la guerre au Second âge du Fer en Europe, en mettant l’accent sur les Celtes et leur représentation historique. Initialement considérés sous des stéréotypes négatifs véhiculés par les textes antiques et les premières recherches du XIXe siècle, les Gaulois et leurs guerriers ont été perçus comme désorganisés et équipés d’armes obsolètes. Cette vision, influencée par des biais coloniaux et des interprétations anachroniques, a évolué après la Seconde Guerre mondiale grâce à des découvertes archéologiques majeures, comme le site de Gournay-sur-Aronde dans les années 1970, et à des avancées techniques comme l’imagerie par rayons X. Depuis les années 1980, les études sur les armes celtiques se sont diversifiées, explorant leur fabrication, leur usage rituel et leur rôle dans la guerre. Pendant plus de vingt ans, s’ouvre un chapitre de l’étude de l’armement celtique menant à de nouvelles réflexions sur la guerre telle qu’elle est menée par les Celtes. Il se caractérise par le séquençage précis de l’armement du Second âge du Fer et des réflexions sur la façon de porter ces armes et de les manier. S’opère alors un renversement de perspective, qui ne considère plus les Gaulois comme inférieurs aux populations méditerranéennes contemporaines, mais porteurs d’une culture originale propre. L’importante masse de documentation collectée sur les armes celtiques incite la recherche à changer de perspective au début des années 2000. Des forgerons fabriquent des répliques testées par des groupes de reconstitution, qui publient les résultats de leurs réflexions. De plus, de grandes bases de données rassemblent les informations disponibles sur les armes du Second âge du Fer et donnent lieu à plusieurs thèses de doctorat. La typochronologie est toujours présente mais elle n’est plus le seul but de l’étude. La thèse d’habilitation de Jean-Louis Brunaux, publiée en 2004 (Guerre et religion en Gaule), montre tout le potentiel qu’ont encore les études sur l’anthropologie de la guerre chez les Celtes. Mais dans un texte publié en 2013, Jean-Louis Brunaux appelle à aller plus loin encore en inscrivant largement le guerrier celte dans la société qui le voit naître et évoluer. Cet article propose des pistes pour prolonger cette réflexion, grâce au réexamen de la question du mercenariat celtique, l’archéologie du genre et le comparatisme ethnographique afin d’enrichir encore les analyses. Le texte conclut en soulignant l’importance de croiser sources archéologiques, historiques (en incluant les textes insulaires) voire fictionnelles pour approfondir la compréhension des Celtes, tout en évoquant les défis liés à la reconstitution de la psyché guerrière.