2018
Cairn
Pierre-Louis Bras, « Paiement à l’acte/capitation : une réforme ébauchée mais avortée », Les Tribunes de la santé, ID : 10670/1.2cg887
La capitation a longtemps été considérée, par les experts et les économistes, comme une modalité de rémunération des médecins généralistes plus pertinente que le paiement à l’acte. Celui-ci est, en effet, susceptible de favoriser l’induction de la demande et l’inflation des dépenses. Toutefois depuis 2000, le niveau de prise en charge des français par les généralistes diminue ; l’incitation à l’activité, inhérente au paiement à l’acte, apparait désormais comme une propriété positive de ce mode de paiement.Il reste que le paiement à l’acte réduit la prise en charge au seul face à face médecin-patient et constitue un obstacle à la délégation de tâches et à la constitution d’équipes de soins de premier recours. A cet égard, la capitation paraît mieux adaptée à l’enjeu majeur de notre système de soins : assurer une bonne prise en charge des patients chroniques.Pour autant, l’attachement des médecins français au paiement à l’acte est tel que jusqu’à la moitié des années 2000, il est resté la modalité exclusive de rémunération des médecins généralistes. A partir de cette date, les pouvoirs publics dans le cadre des négociations avec le corps médical ont introduit une part de capitation. Néanmoins, la dernière convention médicale, celle de 2016, marque un coup d’arrêt par rapport à ce qui pouvait apparaître comme le ferment d’une transformation progressive de l’organisation de notre système de soins de premier recours.