« De l’Eldorado au Milagro. Nouvelles représentations de l’émigration arabe vers l’Espagne dans l’œuvre de l’écrivaine syrienne Rīmā Bālī Fenwick ».

Résumé Fr

En 1995, l’établissement de l’espace Schengen en Europe est contrebalancé par de brusques restrictionsen matière de visas pour les pays tiers, qui posent en fait les bases de la hiérarchie de la mobilité contemporaine (Bauman 1998). L’Espagne notamment met fin au « statut privilégié » des Marocain·esde se rendre librement sur son territoire, pour procéder à l’installation du Sistema Integrado de Vigilencia Exterior, qui ceinture ses côtes depuis 1998. Cette fermeture intervient à une époque d’agitation croissante dans le monde arabe, où d’innombrables conflits se succèdent, poussant de plus en plus de personnes à quitter leurs maisons. En l’absence de passages terrestres, la Méditerranée se transforme, dès lors, dans la frontière la plus mortelle du continent (Collin, Mourlane Bouffier 2021,12), et la littérature de Harraga, écrite principalement par des jeunes hommes à la recherche del’Eldorado européen en devient le plus grand témoin tout au long des XXe et XIXe siècles. Après 2011, cependant, les mouvements migratoires et leur démographie commencent à changer (Ricci 2019). En2015, le monde assiste à ce que le Commissaire européen aux migrations Dimítris Avramópoulos décrit comme « la pire crise des réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale », avec l’arrivée de plus d’un million de réfugiés syriens de tous genres et de tous âges aux frontières sud de l’Union Européenne(UNHCR 2021). Parmi eux, figurent des artistes et écrivain.es, qui ont documenté les vicissitudes deleur exode, dans le cadre d’une nouvelle littérature du déplacement forcé et de la « réfugiance » (Bianco 2021). Dans cette intervention, Annamaria Bianco se propose de s’intéresser à la figure de Rīmā Bālī(née à Alep en 1969), actuellement réfugiée à Madrid, et à son roman Mīlāġrū (Milagro, 2017), qui raconte son départ de Syrie, entre autobiographie et réalisme magique. Elle le placera dans le sillon de cette production, pour identifier les spécificités de sa perspective féminine sur la fuite et la réinstallation, en soulignant en particulier les points de continuité et de discontinuité qui relient la nouvelle littérature d’asile (adab al- luǧū’ , Ǧarmaqānī 2017) à la production antérieure de Harraga.

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