1 janvier 2008
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Didier Revest, « Devolution or revolution? From the rise of the individual to the supremacy of the community », Textes et contextes, ID : 10670/1.2dbfc3...
La dévolution des pouvoirs à l’Écosse et au pays de Galles représente un grand bouleversement constitutionnel. Non seulement la relation entre Westminster et la périphérie a-t-elle été redéfinie, mais les Wales & Scotland Acts de 1998 ont également introduit une forme de quasi-fédéralisme dans la manière dont est gouverné le Royaume-Uni. Écosse et Galles bénéficient désormais d’une bonne dose d’autonomie législative et financière, sans parler des répercussions à long terme d’une telle situation pour l’Angleterre elle-même, et donc, naturellement, l’Union. Il est cependant probable que la nouvelle donne constitutionnelle correspond en fait d’ores et déjà à un complet revirement dans la façon dont est appréhendée la question de l’appartenance, celle des droits et des devoirs démocratiques, celle de la solidarité nationale, c’est-à-dire, plus généralement, celle de la citoyenneté. L’Union de 1707, d’une part, a entraîné une mise à plat des droits et devoirs, sans quoi Angleterre, Écosse et pays de Galles seraient demeurés trois entités nationales distinctes de ce point de vue. En d’autres termes, c’est le concept de fonctionnalité, et non de nationalité, qui a prévalu comme moyen d’organiser la société. La dévolution, d’autre part, a introduit un paradigme tout à fait différent. Selon le penseur gallois John Osmond, « dévolution signifie irruption de l’idée de communauté dans un débat où les points de référence étaient auparavant confinés à l’État et à l’individu. » En effet, le pouvoir, dans certains cas (éducation, santé), a été décentralisé en vertu d’un vecteur de droits qui n’est autre que la nationalité. Les réponses apportées aux divers problèmes rencontrés ont donc à l’évidence été re-territorialisées, c’est-à-dire naturalisées, à l’intérieur même du Royaume-Uni. C’est pourquoi la dévolution est une véritable révolution : elle change la relation, vieille de trois cents ans, entre individu et État central, tout en remettant en cause l’idée d’égale citoyenneté.