Le P. Donat de Nancy. Tertiaire régulier de saint François et confesseur de Charles IV de Lorraine (1652-1675)

Résumé Fr

On a tout écrit, ou presque, sur Charles de Vaudémont (1604-1675), duc de Lorraine et de Bar sous le nom de Charles IV. On a raconté avec force détails le roman picaresque de sa vie, son « errance baroque » 1 , ses aventures amoureuses qui lui valurent l'excommunication, ses conflits avec Richelieu puis Mazarin, son emprisonnement en Espagne, les traités de paix bafoués sitôt signés, sa vie partagée entre ses duchés et de longues périodes d'exil, ses victoires militaires, sa mort à Bernkastel le 18 septembre 1675. Tous les biographes du duc ont cherché soit à justifier sa politique hasardeuse, soit à entretenir sa « légende noire ». D'un côté, des mémorialistes lorrains du XVII e siècle, comme le président Canon 2 , ont voulu montrer en Charles sa bravoure, sa piété, son amour pour son pays ; à l'inverse, d'autres mémorialistes ou historiens comme Henry de Beauvau 3 , Nicolas Du Boys de Riocourt 4 , le P. Hugo, prémontré 5 , dom Calmet, bénédictin 6 , ont fait du duc le responsable d'un immense désastre militaire, économique et social dans le duché de Lorraine auparavant fort et prospère.Le P. Donat de Nancy, tertiaire régulier de saint François, appartient sans aucun doute au premier cercle. Son Histoire de Charles IV, restée manuscrite 7 , est généralement fort peu estimée des historiens, tant le franciscain a voulu présenter le duc sous un jour flatteur et gommer les innombrables contradictions de son règne. Ce n'est pourtant pas à cette Histoire que l'on va s'intéresser ici mais à un corpus de documents moins connus, la correspondance du religieux 8 . Les lettres formant la partie passive de cette correspondance portent l'adresse explicite : Au Révérend Père Donat de Nancy, confesseur et prédicateur de son Altesse sérénissime de Lorraine (Fig. 1). Elles forment un matériau plus immédiat, au jour le jour, des relations entre le duc, son confesseur et un cercle de fidèles de Charles IV. La correspondance permet en effet de maintenir les liens entre les individus lorsque les groupes sont menacés de dislocation, comme c'est le cas pendant tout le temps où le P. Donat est confesseur du duc, entre 1652 et 1675. Cette période est celle de la fin de la Guerre de Trente Ans en Lorraine 9 puis celle de la troisième occupation du duché à partir de 1670, et des ultimes campagnes militaires de Charles IV. Si la fonction de confesseur du prince est assez bien connue lorsqu'elle s'exerce à la cour, que celle-ci soit ambulante ou circonscrite à un palais 10 , comment se pratique

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