De l’un au-delà de la pensée à la bigarrure des formes matérielles : les rapports de l’Un au multiple dans le Corpus Areopagiticum

Résumé 0

Le Corpus Aréopagitique est un exemple notoire d’acculturation chrétienne du néoplatonisme. L’Un dionysien, ou la Déité, est établie au-delà de l’essence et au-delà de toute intelligibilité. Pourtant, il n’est pas coupé de tout rapport avec le monde. Bien au contraire, en étant la source de ce qui est, il est présent comme cause dans le causé. Il se donne également aux intelligences incarnées dans la bigarrure des formes sensibles. Autrement dit, Dieu entretient un rapport de transcendance au monde mais est également immanent, en un sens, à celui-ci. L’Un entretient donc un rapport spécifique au multiple. Mais le créé s’en retourne également à sa source, en d’autres termes le multiple aspire à l’Un pour son unification et son retour en Dieu. Cette étude vise donc à mettre en évidence la christianisation de la solution au problème de l’Un et du multiple chez Denys le Pseudo-Aréopagite. En reprenant le schème néoplatonicien de la procession et de la conversion, l’auteur du Corpus, le modifie substantiellement en l’accordant aux exigences de la dogmatique chrétienne. Ce schème est apparu comme une solution typique au rapport de l’Un et du multiple pour les auteurs post-plotiniens, il a permis d’expliciter la génération de l’être à partir d’une absolue simplicité, mais a également permis de mettre en évidence la structuration de l’être dans son geste conversif. Or, il ne s’agit pas seulement pour les Pères de l’Église de penser l’Un ou l’Être, il leur revient de penser des questions nouvelles apportées par la Révélation chrétienne, la Création, la Trinité, l’Incarnation. Il nous est apparu que ces questions nouvelles ne pouvaient que changer le sens profond des rapports de l’Un au multiple et du multiple à l’Un.