8 février 2024
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Stephane Sachet, « Des origines à la désuétude du bocage : sociohistoire de la séparation progressive entre sylviculture et agriculture », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10.3917/pour.247.0071
L’arbre a progressivement disparu du référentiel métier des agriculteurs, auparavant incarné par l’agriculture en forêt, substituée ensuite par la forêt paysanne et ses bocages. Depuis, agriculture et sylviculture n’ont cessé d’être séparées. L’arbre, ressource pourtant vitale, est devenu une gêne pour les agriculteurs. Parallèlement, l’agriculture est devenue illégitime en forêt. Cette histoire mouvante de la constitution des représentations de l’arbre et de la forêt en agriculture met en lumière le rôle historique des arbres en agriculture. Les évolutions paysagères rurales sont au cœur d’enjeux sociaux qui ont remanié puissamment l’ordre établi ; des usages collectifs sur des communs vers la propriété privée. Nous présenterons d’abord les recompositions du mouvement d’enclosure des forêts et de l’espace agraire, qui constituaient auparavant des droits d’usages collectifs. Puis, nous préciserons la recomposition des pratiques de l’arbre dans la forêt paysanne, c’est-à-dire les bocages de la seconde révolution agraire, qui donne naissance au modèle de la polyculture-élevage. Cette trajectoire vers l’individualisme agraire place l’arbre en pilier de la fertilité, mais va paradoxalement concourir à la destitution des arbres lors des remembrements du XXe siècle.