2015
Cairn
Yannick Lageat, « Un atoll emblématique des risques environnementaux ? Funafuti (archipel de Tuvalu) entre menace planétaire et contraintes quotidiennes », Annales de géographie, ID : 10670/1.2f72e6...
Sur la disparition programmée de Tuvalu se sont accordées doxa scientifique et rumeur médiatique : l'élévation du niveau marin ne peut, par la submersion de cet archipel, qu'apporter la preuve dirimante d'un changement climatique global. Cette disparition considérée comme inexorable a déjà conduit à s'interroger sur la réalité juridique d'un État déterritorialisé et sur l'identité d'une communauté condamnée à l'exil. Peut-on imaginer un décalage plus flagrant entre les fantasmes qu'inspirent la destinée de ces neuf îles coralliennes et le quotidien de ses habitants ? Plus que la perspective d'une inéluctable élévation du niveau marin, et d'un exode forcé, leurs préoccupations immédiates se portent sur les déficits pluviométriques, sur la surabondance des déchets ménagers, sur la salinisation et la pollution de la lentille d'eau douce, autant de contraintes auxquelles se trouve, en particulier, confrontée l'île-capitale qui rassemble désormais plus de 5 000 habitants sur moins de 150 hectares. Abreuvés de prévisions alarmistes, les Tuvaluans se refusent néanmoins à se projeter à la fin du XXIe siècle quand ils seraient inéluctablement appelés à devenir les premiers « réfugiés climatiques », et, s'ils marquent un fort attachement à leur territoire, ils sont encore loin de se mobiliser pour surmonter les difficultés présentes qu'ils y vivent, loin de l'image idyllique associée aux îles atolliennes.