2024
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Mauve Carbonell, « La difficile réhabilitation des crassiers des usines d’alumine à Marseille, années 1980-1990 », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.2f925b...
Les usines d’alumine de la région marseillaise, implantées au début du XXe siècle, ferment leurs portes entre les années 1960 et 1980. Elles laissent derrière elles un héritage contesté, celui des boues rouges, accumulées pendant des décennies. L’industrie de l’alumine selon le procédé Bayer, née à Gardanne en 1893, s’est développée au nord de Marseille, à Saint-Louis-les-Aygalades en 1906 avec la Société française pour l’industrie de l’aluminium (SFIA), filiale de l’entreprise suisse Aluminium Industrie Aktien Gesellschaft devenue Alusuisse, et à l’est de la ville, à La Barasse, en 1907, avec la Société d’électrochimie. Ces usines sont, jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, insérées dans une économie régionale allant de l’extraction de la bauxite provençale, aux ressources énergétiques charbonnières (Gardanne) et à la production de métal aluminium (Alpes), dont l’alumine est la fabrication intermédiaire indispensable. Elles sont gérées par des propriétaires distincts, l’un Suisse et l’autre Français, et sont confrontées dès leur démarrage au même problème de la gestion des résidus issus du traitement de la bauxite. D’abord stockés à proximité des bâtiments industriels, ces déchets sont déplacés vers des sites éloignés à mesure que les crassiers arrivent à saturation et que l’urbanisation se développe. Les crassiers sont délaissés un à un et, dans le meilleur des cas, réaménagés . Ce texte a pour objet d’analyser leur difficile réhabilitation suite à la fermeture des usines. L’usine de Saint-Louis-les-Aygalades stoppe sa production d’alumine en 1968 et celle de La Barasse cesse toute activité en 1988, posant la question de l’héritage des déchets polluants dans des espaces où l’activité industrielle a presque disparu.