7 décembre 2023
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Marco Vespa, « Les racines « ludiques » de l’outrage. À propos de quelques emplois du verbe inludere en latin (IIe s. av. n. è. – IIe s. de n. è.) », Presses universitaires de Caen, ID : 10670/1.2h5g5p
Quand on analyse les représentations culturelles que les différentes sociétés, anciennes ou modernes, développent concernant la relation entre le monde du jeu et les comportements violents, il est également important de considérer les mots que ces cultures utilisent. Dans une perspective linguistique et anthropologique, cet article choisit d’étudier un cas spécifique de représentation de l’outrage et de l’offense personnelle à la respectabilité sociale d’un individu que la culture latine choisit d’exprimer à travers le verbe inludere, un dérivé de ludere, « jouer ». Une étude approfondie des contextes d’énonciation du verbe et des valeurs sémantiques que l’on peut reconstruire ponctuellement à partir des textes analysés permet de mettre en lumière comment le verbe inluderepouvait avoir le sens de « mettre en jeu » ou de « se jouer », dans l’acception de dissiper l’identité sociale de l’autre, dans presque tous les cas une femme de condition libre. L’action exprimée par le verbe inludere ne prend pas la forme d’une agression brutale sur le corps de la femme, mais véhicule une forme de violence très différente faite de fréquentations dangereuses et de ragots qui, dans une société patriarcale, érode la respectabilité de la femme avec laquelle l’homme est dit jouer, l’excluant de fait de toute forme de vie sociale.