2013
Cairn
Olivier Douville, « La blue note, passé, réminiscence et mémoire pour un monde futur », Insistance, ID : 10670/1.2iwzca
La torsion de la voix est liée au jazz dès ses débuts, reprenant entre autres le scat des bluesmen chantant en onomatopées distordues, sorte de « lalangue » scandée et dansante. Elle surgit comme une victoire sur une quête terrible du silence. Entre l’infini du blues de la campagne américaine et la finitude du jazz des cités bondées, ces musiques entretiennent des histoires de mémoires et des histoires de temporalité, d’espaces et d’urbanisme. Le blues renoue avec un rapport interdit entre le silence, la musique et la mort. Le jazz, lui, fait naître des ancêtres... musique pour le mythe, musique pour la lutte, il invente ses cosmogonies et sa modernité. En même temps, le jazz invente son hors-monde déchirant : il se révolte contre les berceuses des groupes sociétaux dominants.