11 avril 2014
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Etienne Lock, « Identité africaine et Catholicisme: problématique de la rencontre de deux notions à travers l'itinéraire d'Alioune Diop (1956-1995) [African identity and Catholicism: two conflicting concepts in the intellectual journey of Alioune Diop (1956-1995)] », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.2o9g4i
L’effervescence qui caractérise l’Afrique dans les années cinquante tient pour une grande part au rôle de l’Occident, dans la mesure où celle-ci est le fait des intellectuels africains formés à l’école occidentale. Parmi ces intellectuels se trouve en bonne place Alioune Diop, alors devenu le leader de l'émancipation culturelle de l'Afrique. En se consacrant à sa figure, la thèse souligne l'importance de la biographie intellectuelle, comme méthode de travail en histoire africaine. Elle y est présentée comme une approche qui permet de saisir des aspects qui échappent à l'histoire événementielle. Une autre caractéristique de cette réflexion est la place accordée à des archives non organisées et aux interviews. La thèse présente une dimension de l'engagement d'Alioune Diop moins connue, mais qui constitue une clé de compréhension de sa vie et de son œuvre : la religion chrétienne. En effet, cet intellectuel africain était tout particulièrement attentif aux dynamiques du christianisme. Il considérait cette religion comme une réalité qui, en Afrique, pouvait aider les peuples africains à relever les défis qu’imposait un contexte de décolonisation, de guerre froide, et de multiples revendications. Ainsi, dans tous les événements qu'il organisa, la religion chrétienne et tout particulièrement le catholicisme, en tant que porteur d’une expression culturelle particulière, eut une place importante. La thèse soutient que les enjeux de l'émancipation de l'identité africaine correspondaient aux enjeux d’une émancipation du christianisme en Afrique de ses déterminants enracinés exclusivement dans l’expérience culturelle de l’Occident. La thèse démontre par ailleurs que le catholicisme dans sa dynamique actuelle en Afrique, est largement tributaire de l'engagement d'Alioune Diop et des intellectuels qu'il était parvenu à rassembler autour de lui à l’instar d’Aimé Césaire, de Léopold Sédar Senghor, de Cheikh Anta Diop, de Jacques Rabemananjara, et bien d’autres. La réflexion qui s’effectue ici s’organise autour des questions suivantes, qu’elle considère comme importantes : Quelle est l'exacte contribution d'Alioune Diop dans la réconciliation des notions d’identité africaine et de catholicisme? Comment s'exprime cette réconciliation dans un contexte postcolonial? Quels éléments donnent une signification à l'africanisation du catholicisme au XXe siècle? Toutes ces questions structurent l'orientation de ce travail et ouvrent à l’examen de nombreux événements qui s’inscrivent dans l’itinéraire intellectuel d’Alioune Diop : le premier et le deuxième congrès des écrivains et artistes noirs tenus respectivement à Paris et à Rome, les deux festivals mondiaux des arts nègres tenus à Dakar et à Lagos, des colloques et autres rencontres organisées à l’aune d’importants événements comme le deuxième concile du Vatican. Il y a aussi une mise en exergue de certaines questions ayant fait l’objet d’une attention dans l’engagement d’Alioune Diop en rapport avec le devenir du catholicisme en Afrique, comme par exemple : l'œcuménisme, le dialogue entre le catholicisme et les religions endogènes de l’Afrique. Ces questions se définissent en rapport avec la personnalité africaine et l'héritage colonial.