9 décembre 2021
Lina Kennouche, « Stratégies de puissance et conflictualité hybride : la Syrie (2011-2021) comme terrain d’expression des mutations de l’environnement stratégique global et régional », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.2okujb
Depuis 2010, le Moyen-Orient sombre dans la violence et fait face à la multiplication des foyers de crise dans lesquels s’imbriquent ou se superposent les conflits. Les chercheurs et les observateurs du Moyen-Orient qui ont examiné en profondeur les dynamiques conflictuelles à l’œuvre et leurs implications depuis 2011 ont fourni des analyses généralement axées sur les processus de décomposition sociale comme fondement principal sinon exclusif de la conflictualité. La politique régionale serait déterminée par les forces et dynamiques locales bien plus que par les puissances extérieures dont le rôle dans la structuration des conflits est de plus en plus disqualifié. Pour autant, les transformations profondes que connait le monde arabe ne sont plus uniquement liées aux facteurs structurels internes. La multiplication et la durée des conflits qui secoue cette région interrogent ouvertement les mutations profondes intervenues à l’échelle globale dans une phase caractérisée par le désordre et la compétition stratégique pour combler le vide relatif de puissance produit du recul de l’hégémonie américaine ayant ouvert la voie à la montée en force de nouveaux acteurs régionaux dotés de leurs propres ambitions de puissance. Cette recherche pluridisciplinaire et multiscalaire analyse la configuration conflictuelle en Syrie en se distanciant du paradigme des « nouvelles conflictualités » qui met à mort la géopolitique et échoue à rendre compte du rôle des stratégies des puissances étatiques régionales et internationales dans la structuration du champ du conflit et la surdétermination de sa trajectoire. La Syrie apparaît comme un modèle de guerre qui cristallise les changements intervenus dans l’environnement stratégique global et accélère les recompositions géopolitiques à venir.