26 novembre 2023
Yvon Le Caro et al., « L'alimentation comme identité: Rencontre-débat dans le cadre des Rencontres d’histoire 2023 « Qu’est-ce qu’on mange » organisées par Les Champs Libres (Rennes Métropole) et le département d’histoire (Université Rennes 2), Rennes, 26 novembre », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.2ors8x
Dès la fin du Moyen Âge, les aliments emblématiques d’un territoire commencent à être valorisés : perdrix de Nevers, beurre d’Isigny… Qu’en est-il aujourd’hui et en Bretagne en particulier : des huîtres de Cancale au lait ribot en passant par les crêpes et les galettes ? Si l’alimentation est encore un marqueur d’une identité territoriale, quels mondes agricoles trouve-t-on dans nos assiettes ?Yvon Le Caro développe deux exemples, le cidre et le sarrasin. L’abandon du cidre comme boisson quotidienne, au profit du vin dans les années 60 puis de la bière dans les années 80, a conduit à l’arrachage généralisé des pommiers haute-tige dans les campagnes bretonnes. La comparaison entre les photos aériennes de 1955 et d’aujourd’hui est parlante. Un élément emblématique du paysage agricole peut donc correspondre à un aliment qui n’est plus consommé. Au contraire le sarrasin et ses galettes sont restés consommés. Mais jusqu’à très récemment la culture du blé noir n’étant guère rentable ni soutenue, cette plante était fort rare dans nos champs, et ses graines aux deux-tiers importées. Un aliment emblématique ne se traduit donc pas forcément dans le paysage local. Cette disjonction entre productions et aliments à dimension identitaire démontre s’il en était besoin la disjonction générale entre agriculture et alimentation dans nos sociétés urbaines, et la difficulté pour les agriculteurs de produire le paysage régional de nos rêves patrimoniaux...