19 décembre 2022
Silverio Franzoni, « Recherches sur le 'Florilegium Gallicum' (vers une édition critique) », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.2poku1
La diffusion de la littérature latine classique au Moyen Âge a suivi plusieurs chemins, certains moins visibles, mais pas pour autant moins significatifs ; les florilèges, donnant un accès partiel, mais souvent plus pratique, aux sources, représentent sans doute un intermédiaire crucial entre les textes anciens et leurs lecteurs médiévaux. Cette thèse étudie l’un de ces florilèges, celui que les chercheurs considèrent comme le plus remarquable : le Florilegium Gallicum (FG), rassemblant plus de 4700 extraits tirés d’une trentaine d’auteurs et compilé dans la France du Centre-Nord au cours du 12ème siècle. Bien que connu des philologues classiques depuis le 16ème siècle et malgré l’attention qu’il a su gagner depuis une centaine d’années, le FG reste un objet énigmatique sous bien de points de vue.Après une introduction offrant un bref panorama historique des florilèges médiévaux à contenu classique et un profil de la recherche produite sur le FG, l’étude se concentre sur la transmission manuscrite du recueil, qui se divise, d’après la bibliographie, en deux catégories : les quatre codices témoignant d’un texte compacte et relativement stable, qui peut être considéré comme le « vrai » Gallicum, et ceux transmettant plusieurs versions secondaires du florilège, découlées d’un processus multiforme de sélection et à la fois d’ajout par rapport à la rédaction de départ. Les rapports stemmatiques entre les témoins du texte standard ont été analysés en essayant de combler quelques lacunes de la bibliographie ; la nouveauté principale est la réévaluation du manuscrit Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 711, à tort considéré comme un témoin remanié « ordinaire », mais offrant en réalité un texte de très grande qualité grâce à la contamination par une source supérieure à l’ancêtre commun des quatre manuscrits standard.Suit une analyse globale du FG, commençant par ses contenus et par les critères de leur organisation, pour descendre ensuite aux paratextes et aux extraits eux-mêmes, à leurs thèmes et aux retouches effectuées par le compilateur. De ce dernier, qui demeure anonyme, on cherche à tracer un portrait robot à travers les indices qu’il est possible de déduire de sa compilation ; l’étude passe ensuite à la destination de l’ouvrage, qui n’est certainement pas un instrument d’école (contrairement à ce qui a été proposé par la bibliographie), mais qui pourrait avoir été conçu comme une sorte de bibliothèque portative.La présentation du FG est complétée par une analyse des éléments dont nous disposons pour en proposer une datation à la deuxième moitié du 12ème siècle et une localisation dans la France du Centre-Nord, plus large, mais aussi plus prudente et plus légitime, que l’hypothèse courante qui le placerait à Orléans. Les conclusions proposées sur l’origine du florilège se nourrissent des matériaux tirés de l’analyse de ses sources : une fiche plus ou moins étendue est consacrée à chaque texte dépouillé par le compilateur, en essayant d’établir, à de différents degrés de précision, la place du Gallicum au sein de la transmission directe de chacun.À l’autre bout de l’histoire du florilège, on explore sa fortune du 12ème au 15ème siècle, après avoir proposé un cadre théorique pour l’étude de l’influence d’une compilation. Deux cas sont analysés de manière plus poussée : le Speculum maius de Vincent de Beauvais (13ème s.) et les Flores moralium auctoritatum (début 14ème s.).L’étude monographique est suivi par un essai d’édition du FG, conduit sur trois sources remarquables (Martial, Quintilien, Aulu-Gelle) ; par rapport aux éditions partielles déjà parues, une attention particulière a été accordée à la présentation des leçons des témoins directs des sources, qui permettent de comprendre la place du Gallicum au sein de la transmission de chaque ouvrage. Dans l’impossibilité de produire une édition intégrale, un appendice final rassemble la liste détaillée de tous les extraits composant le florilège.