1 octobre 2018
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Pierre Arbus, « «-Veo…-¿Que ves ? » : Une brèche vers l'Autre scène: Autour de La Morte rouge, film de Victor Erice, 2006 », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.2rd0gm
Le film La Morte rouge commandé à Victor Erice par les commissaires de l’exposition Victor Erice / Abbas Kiarostami : Correspondances (Barcelone 2006 / Paris 2007), plonge ainsi dans la mémoire du premier combat de l’enfant spectateur avec les violences du monde dévoilées par le cinéma. Comment le goût du cinéma vient à l’enfance ? Tout particulièrement dans les temps d’avant l’irruption des images animées dans l’univers domestique, avec la télévision, et dans les contextes de crises, comme en 1946 au Pays Basque, où la répression franquiste, la Terror blanco, n’aura, finalement, connu qu’un mince répit. Le trouble ressenti par l’enfant devant la projection du film américain La Griffe sanglante se constitue ainsi comme expérience de l’ailleurs dans une Espagne ordonnée au repli et à la clôture, marquant ainsi l’insubordination des constructions de l’imaginaire.La Morte rouge retient notre attention à plusieurs titres. Il se propose comme la mise en œuvre audiovisuelle d’un imaginaire des représentations des territoires de l’enfance. Mais il se constitue aussi comme une proposition pour intégrer l’expérience individuelle d’un enfant à l’aube de son individuation dans une histoire conjointe à l’éveil au monde et à l’autre. Et se propose enfin comme « manufacture de style » pour cet enfant promis à devenir l’auteur d’une des œuvres les plus foisonnante du cinéma espagnol de la fin du franquisme.