2022
Cairn
Marc Bourlière et al., « Les points-clés à retenir/avis d’experts : du dépistage au traitement de l’hépatite chronique à virus Delta », Hépato-Gastro & Oncologie Digestive, ID : 10670/1.2uowwh
L’hépatite chronique virale Delta (VHD) est responsable des formes les plus sévères des hépatites chroniques virales. Son épidémiologie est mal connue du fait d’une absence de dépistage systématique du VHD chez les patients AgHBs positifs. On estime que 5 à 14 % des patients VHB dans le monde sont coinfectés par le VHD. En France, l’hépatite chronique Delta touche une population issue de l’immigration dans plus de 80 % des cas. Tout patient AgHBs positif doit avoir une recherche des anticorps anti-VHD totaux au diagnostic et cette recherche doit être répétée régulièrement en cas de facteurs de risques. En cas de positivité des anticorps anti-VHD, une recherche d’ARN du VHD doit être réalisée. L’évaluation de la fibrose repose encore sur la ponction biopsie hépatique du fait d’une performance diagnostique médiocre des méthodes non invasives. Un dépistage systématique du carcinome hépatocellulaire par une échographie abdominale semestrielle et un dosage d’alpha-fœtoprotéine doit être réalisé chez tous les patients qui ont une fibrose sévère. Le traitement de l’hépatite chronique Delta repose depuis 30 ans sur l’utilisation de l’interféron pégylé (IFN-PEG) avec des résultats décevants. Quatre nouveaux traitements sont actuellement en développement, dont le bulévirtide qui dispose d’une AMM depuis septembre 2020. Le bulévirtide est utilisé en monothérapie ou en combinaison avec l’IFN-PEG pour une durée qui reste à préciser. L’instauration d’un traitement par analogues nucléos(t)idiques chez un patient VHD doit être systématique en cas d’une réplication virale B, même faible. Enfin, le meilleur traitement préventif de l’infection par le VHD est la vaccination contre le VHB dont l’efficacité et l’innocuité sont largement démontrées.