2008
Cairn
François Leimdorfer, « Registres discursifs « montrés » de l'espace public à Abidjan : considérations, bavardages, dossiers et autres histoires... », Langage et société, ID : 10670/1.2v6swh
L’article analyse, à partir d’entretiens auprès de responsables urbains à Abidjan (Côte d’Ivoire, 1996-1997) sur l’occupation du domaine et de l’espace public physique, les regroupements et les catégorisations de discours effectués par les locuteurs. Deux champs de pratiques et de discours se dégagent et s’opposent, dans les narrations et descriptions des locuteurs : l’espace des relations sociales « fonctionnelles » (les procédures administratives des autorisations d’occupation de la voirie et des places de marché) et l’espace des relations sociales « personnelles » ou communautaires (les aides apportées aux membres du lignage, de la famille, du village, etc.). Les ensembles sont des registres de discours « montrés », reconnus par les acteurs, à partir de leur pratique et de leur position énonciative. Ces ensembles pratico-discursifs (les procédures légales et les procédures coutumières), selon les locuteurs, s’opposent frontalement ou s’articulent, ou sont sans solution et génèrent une incapacité à « travailler ». Ces ensembles et les catégorisations sociales mobilisées sont désignés par des termes différenciés : la loi, la légalité, les procédures administratives, les papiers, les documents, directeur, service, maire, etc. d’un côté, les considérations, les bavardages, les histoires, les dossiers de conflits, les petits frères, amis, etc. de l’autre. Si l’on peut considérer qu’il y a un conflit de légitimités, la légitimité dominante de référence à l’activité des responsables municipaux reste dans tous les cas la légalité et la population. La gestion par les différents locuteurs de ces oppositions de registres et de légitimités dessine un champ social de pratiques assez général en Côte d’Ivoire.