Neurosciences et politiques publiques : vers un nouvel interventionnisme économique ?

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2015

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Nicolas Vallois, « Neurosciences et politiques publiques : vers un nouvel interventionnisme économique ? », Revue de philosophie économique, ID : 10670/1.2w217j


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Les neurosciences sont utilisées en économie dans l’objectif d’améliorer la compréhension et la description des choix individuels. Elles permettent aussi d’évaluer la rationalité des décideurs et de réguler les comportements. Cet article analyse les implications normatives de la neuroéconomie, en dégageant les apports des neurosciences à l’économie du bien-être et à l’économie publique. L’interventionnisme économique défendu par les neuroéconomistes (par exemple, Bernheim et Rangel 2004) y est interprété comme une politique caractéristique du néo-libéralisme, au sens qu’en donne Michel Foucault (1978b). Si la neuroimagerie ne permet pas de « manipuler » directement le cerveau des décideurs, elle offre en revanche la possibilité de détecter le caractère pathologique ou irrationnel de certaines conduites. Ce diagnostic justifie une régulation comportementale du bien-être, qui doit être distinguée du paternalisme libertarien de Sunstein et Thaler (2003). Dans les deux cas, c’est l’environnement plutôt que le décideur lui-même qui est la cible de l’intervention, mais la justification théorique n’est pas la même. Pour les neuroéconomistes, l’irrationalité d’un comportement tel que l’addiction ne résulte pas d’un biais cognitif de l’individu, mais de son interaction avec un environnement pathologique. Les réflexions normatives des neuroéconomistes s’inscrivent dans le prolongement théorique des réflexions de Michel Foucault sur la biopolitique et le néolibéralisme (Foucault 2004b). Notre étude vaut ainsi comme une contribution à l’étude de la gouvernementalité. Elle nous conduit à défendre une interprétation non-réductionniste des rapports entre savoir et pouvoir chez Foucault. Classification JEL : D87, H10, B41.

Neuroscience is used in economics to improve the description and comprehension of individual choice behavior. It can also serve as a mean to evaluate decision-makers’ rationality and regulate their behaviors. This paper analyzes the normative implications of neuroeconomics, i.e. the contributions of neuroscience to welfare economics and public economics. The economic interventions advocated by neuroeconomists ( e.g. Bernheim and Rangel 2004) are interpreted as neoliberal politics in Michel Foucault’s sense (1978b). Neuroimaging techniques do not allow “brain-manipulation” of decision-makers. They can detect pathological or irrational behaviors. This diagnostic calls for a behavioral welfare regulation, that has to be distinguished from Sunstein and Thaler’s libertarian paternalism (Sunstein and Thaler 2003). The intervention targets the environment rather than the individual in both cases, but the theoretical justification is not the same. As for neuroeconomists, irrational behaviors such as addictions do not come from an individual’s cognitive bias but from an interaction with a pathological environment. The normative reflexions in neuroeconomics continue the theoretical history proposed by Foucault in his works on biopolitics and neoliberalism (Foucault 2004b). Our analysis can thus be regarded as a caste-study research on governmentality. It claims for a specific non-reductionist relationship between knowledge and power in Foucault’s thought.

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