2011
Cairn
Joël Candau et al., « Les catégories d'odeurs en sont-elles vraiment ? », Langages, ID : 10670/1.2yjrxg
Le langage naturel des odeurs est souvent imprécis et profus. À ce titre, il constitue un défi pour l’étude des processus de catégorisation des stimuli olfactifs. Après un rappel de la théorie roschienne de la catégorisation, nous évaluons sa pertinence dans la manière dont la catégorisation des expériences sensibles est exprimée en langue. Si la catégorisation des couleurs s’accorde assez bien avec cette théorie, nos données ethnographiques ruinent l’idée selon laquelle les « catégories » olfactives sont ce qu’elles prétendent être : elles ne sont pas des catégories du point de vue de la théorie classique et encore moins du point de vue de la théorie des prototypes. Cependant, les stimuli olfactifs sont l’objet de jugements perceptifs qui permettent de construire des pseudo-prototypes, i.e. qui se donnent à voir dans le langage comme des prototypes alors qu’ils n’en sont pas du strict point de vue de leur traitement cognitif. Nous concluons par quelques considérations générales sur les causes possibles de ce « relâchement » catégoriel.