21 septembre 2015
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Juliette Grange, « L’invention technique et théorique : la philosophie des sciences de G. Bachelard », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.2ymjoo
Les sciences produisent ce que Bachelard nomme des inventions phénoménotechni-ques. Cette inventivité permanente qui fait de l'homme une "espèce mutante" est présente dans la novation technologique et intellectuelle de toute avancée scientifique. Culture et phi-losophie restent en arrière, étrangère à cette inventivité. On s'attardera dans cette communication à caractériser : 1) la philosophie bachelardienne du "4e état" (celui qui produit des noumènes dans l'expérience), 2) l'originalité de la proposition (non comtienne, non cartésien-ne, non kantienne, anti bergsonienne, étrangère à la philosophie analytique. Ce philosophe antinaturaliste, antiréaliste, matérialiste et rationaliste en un sens très particulier fournit pour-tant un ensemble de notions très vivement éclairantes et utiles pour définir l'innovation tech-nologique et politique. 2 L'invention technique et théorique : la philosophie des sciences de G. Bachelard Bachelard philosophe des sciences est oublié dans le débat contemporain sur les technoscien-ces et l'innovation. Ce philosophe anti-naturaliste, anti-réaliste, matérialiste et rationaliste en un sens très particulier fournit pourtant un ensemble de notions très vivement éclairantes et utiles pour structurer le débat actuel. Alors que la communauté philosophique est plutôt soucieuse de s'inspirer de Simondon, ou des Social Sciences Studies (de Bruno Latour en particulier), Bachelard est oublié alors qu'il fournit un bouquet d'idées stimulantes. A travers la restitution de sa philosophie, on souhaite plus généralement contribuer à redonner vie à l'École française d'épistémologie, qui, de Comte à Foucault, a produit une tradition à la fois puissamment critique, en même temps que favorable aux sciences et technophile (contraire-ment à l'École allemande, de Heidegger à Habermas). Pour ce qui concerne la question de l'imaginaire et de l'invention technique, de l'innovation, Bachelard nous donne des instruments et des points d'appui stimulants, particulièrement dans ces trois ouvrages : Le Rationalisme appliqué, 1949, L'Activité rationaliste de la physique contemporaine, 1951, Le Matérialisme rationnel, 1953. Il n'aborde pas l'invention du point de vue du vécu subjectif ou d'expériences créatrices (Ribot, Bergson) mais à partir de la connaissance scientifique objective, de l'expérimentation, beaucoup plus riche et audacieuse.