Enquêter sur des problèmes sociaux pour le compte des pouvoirs publics: retour d’expériences de terrain en Polynésie française (2021-2023)

Résumé Fr

En Polynésie française, ces dernières années ont été marquées par un déploiement inédit de la sociologie de terrain sur ce territoire. Impulsée par l’ouverture d’une nouvelle structure de recherche à Tahiti, la Maison des sciences de l’Homme du Pacifique (UAR 2503 CNRS-Université de la Polynésie française), cette situation a permis la mise en œuvre d’une série d’enquêtes qualitatives et empiriques approfondies, financées par les pouvoirs publics territoriaux, et investiguant divers problèmes sociaux contemporains (tels que la consommation et le trafic d’icedrug, les violences intrafamiliales, la prise en charge du vieillissement et du handicap, les transformations de la parenté, la pauvreté urbaine et les économie populaires). Cette communication revient sur diverses expériences situées vécues dans ce contexte de recherche, en s’intéressant tout particulièrement à leurs (en)jeux éthiques et pratiques. La réflexion est nourrie des matériaux collectés par observation-participante au sein de trois scènes distinctes constitutives des recherches-actions menées depuis 2021. La première scène étudiée est celle des interactions directes avec les acteurs de l’action publique sur le territoire avant, pendant et après les enquêtes, c’est-à-dire de la phase de négociation des sujets de recherche et de leur financement jusqu’à la restitution finale des résultats (1). La deuxième scène correspond aux interactions sur le terrain, avec les personnes observées et interrogées au cours des enquêtes, à Tahiti et dans les îles voisines du territoire (2). La troisième, enfin, correspond aux interactions déployées au sein du champ scientifique, au sein desquelles sont renégociées, en interne, la construction des savoirs sociologiques et les stratégies de communication associées à leur diffusion, entre circuits scientifiques (à différents échelles) et circuits de l’action publique (3). La recherche-action est ainsi appréhendée comme un processus interactif où se trouvent (re)négociés, de bout en bout de la chaîne, la production des savoirs et du rôle de chercheur, entre distance analytique au monde social et injonction à être partie-prenante de la formulation des problèmes sociaux et de leurs solutions possibles.