22 mars 2024
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Eléonore Montbel, « La centauresse, un exemple de remise en question de la frontière du genre à l’époque impériale », Frontière·s, ID : 10670/1.2yq04x
L’existence de types sexuels (mâle, femelle) chez une espèce suscite une frontière biologique commune à toute espèce vivante qui connaît une reproduction sexuée. Or lorsqu’il s’agit d’êtres mythiques ce système n’a pas de nécessité : dans l’imaginaire grec ancien il existe des groupes uniquement masculins ou féminins, tels que les sirènes, les satyres ou les centaures. Ces derniers, dans la Grèce archaïque et classique, sont uniquement des mâles et ont un caractère agressif et bestial, surtout envers les femmes. Pourtant la frontière du genre est un jour franchie et des parèdres voient le jour, parfois même accompagnées des petits centaures, témoignant d’une génération. Ces déclinaisons au féminin des centaures sont attestées dans la figuration à partir dui er siècle av. J.‑C., surtout en contextes domestique et funéraire. Elles apparaissent ainsi en « supplément » de leurs homologues masculins : elles sont plus tardives, sont représentées en nombre bien inférieur, et sont quasi absentes de la littérature – contrairement à eux. Il est question dans cet article de comprendre, à partir de la documentation antique figurée et écrite, pourquoi les centauresses sont absentes du monde grec et pourquoi a-t-on ressenti le besoin, aui er siècle av. J.‑C., de dépasser l’imaginaire établi et de créer une contrepartie de l’autre sexe.