Les forêts de feuillus de la Russie

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Les forêts latifoliées de Russie, méconnues en occident, représentent pourtant une superficie absolue importante et ont un vrai poids économique. C’est ainsi que les chênaies effectivement sur pied couvrent encore à elles seules 70 000 kilomètres carrés. Elles fourniraient environ 15 % du tonnage scié de toute la Russie. Ce sont aussi les forêts de feuillus qui forment les milieux naturels où la biodiversité est la plus élevée du pays, qui culmine dans les forêts à affinités subtropicales situées aux deux extrémités du pays, d’une part la Transcaucasie, d’autre part l’Oussouri. C’est pourquoi les autorités russes ont multiplié les mesures de protection des forêts latifoliées par la création de réserves naturelles et de parcs nationaux, perpétuant sous une forme moderne le respect dû à l’arbre sacré de la mythologie slave, le chêne du dieu Péroun.Alors que, à la suite de L. Berg, les géographes soviétiques ont longtemps ignoré une formation zonale de forêt de feuillus en Russie d’Europe, préférant cartographier les écotones de forêts mixtes et de steppe boisée, d’autres auteurs, plus récents ont reconstitué cette ceinture zonale malgré des défrichements considérables. Dans son acception récente, c’est la partie septentrionale de la bande latitudinale de steppe boisée, où règnent le Chêne pédonculé et le Tilleul à petites feuilles. Ces chênaies croissent sur des sols gris forestiers, qui formeraient, selon la plupart des géographes actuels, un ensemble zonal équilibré, cependant que la théorie les faisant découler d’un ancien tchernoziom qui se serait appauvri lors de la conquête forestière est en voie d’abandon. En dehors des « abattis de Toula » et de la grande forêt d’Orlovskoïé polessié, protégée par un parc national, les chênaies de la province centrale russe ne subsistent plus que par quelques bois résiduels. Les défrichements sont ici anciens, surtout pour les cultures fourragères. Après un hiatus sibérien de plusieurs milliers de kilomètres, les forêts de feuillus réapparaissent en Extrême-Orient. D’ouest en est, ce sont d’abord les chênaies-boulaies de la plaine de la Zéïa et de la Bouréïa, dominées par le Chêne de Mandchourie, qui passent à de vastes peupleraies dans les larges lits d’inondation de l’Amour et de ses affluents. Plus à l’est, la forêt de l’Oussouri est la plus luxuriante des formations végétales de plaine de la Russie, rendue célèbre par le roman Dersou Ouzala d’Arseniev.En position azonale, la Russie s’enorgueillit aussi d’un petit étage forestier de feuillus, qui apparaît dans le Caucase grâce à l’altitude. Sur le flanc nord, cette chênaie-charmaie est coincée entre la steppe du dessous et les conifères du dessus. C’est le seul endroit du pays où le Chêne sessile vienne naturellement. Le flanc sud du Grand Caucase, dans sa partie appartenant à la Fédération de Russie, offre à l’ouest une chênaie méditerranéenne, dégradée depuis des milliers d’années en une sorte de garrigue, le chibliak. A l’est, la région de Sotchi abrite une forêt subtropicale, dite colchidienne, enrichie d’essences exotiques, qui passe en altitude à une riche hêtraie à If.

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