2023
Cairn
Dan Charnas et al., « Le temps selon Dilla », Audimat, ID : 10670/1.2zfojs
Avec la MPC3000 est venu le temps où les machines s’émancipent de la régularité parfaite qui les définit et les limite. Autour de l’an 2000, James Dewitt Yancey aka Dilla aka Jay Dee (1974 -2006) produisait des rythmes affolants, défaits, « illogiques », décalés au sens propre du mot, qui donnaient à l’auditeur·ice l’impression d’être joués par un « batteur saoul âgé de trois ans », et le plongeaient dans un univers inconnu où l’imprévisibilité aurait pris le contrôle. En libérant le hip-hop de la grille métrique et de ses subdivisions parfaites, il a rendu la programmation plus « humaine que l’humain », donné aux programmeur·euses des degrés de liberté que l’on croyait réservés aux seul·es musicien·nes, et même influencé de nombreux·ses batteur·ses. Le « Detroit Swing » de Jay Dee a depuis essaimé chez des artistes célèbres comme Flying Lotus, Mad Lib, The Roots ou Busta Rhymes. Dan Charnas revient sur sa maîtrise miraculeuse du séquenceur MPC de Akai, sur les tics, les flams, les sextuplets, les hybridations binaires et swingués, paires et impaires, et sur un temps devenu élastique par la voie de la microgrille.